Critique

Prêt à jeter

L’obsolescence programmée, socle sur lequel s’appuie la société de consommation, n’a rien de naturel: au milieu du siècle dernier, il a été décidé noir sur blanc de réduire la durée de vie des produits industrialisés, histoire de doper la croissance.

PRÊT À JETER, DOCUMENTAIRE DE COSIMA DANNORITZER. ****

Ce mardi 24 janvier à 20h35 sur Arte.

Alors, évidemment, tout le monde le sait. Mais seule une poignée d’irréductibles s’en offusquent encore: les produits de consommation sont créés intentionnellement pour ne pas durer. L’obsolescence programmée, socle sur lequel s’appuie la société de consommation, n’a rien de naturel: au milieu du siècle dernier, il a été décidé noir sur blanc de réduire la durée de vie des produits industrialisés, histoire de doper la croissance. Les ampoules électriques, par exemple, étaient bien plus résistantes il y a 100 ans. Et quand Apple conçoit des iPods dont la batterie, non renouvelable, se fatigue après 18 mois, on demeure dans le même type de processus malsain. Il en résulte une société du déchet (refourgué dans les pays pauvres) qui « croît pour croître », comme le souligne l’économiste Serge Latouche. Lequel enfonce le clou: « Celui qui croît qu’une croissance infinie est compatible avec une planète finie est soit fou, soit économiste. » Le film de Cosima Dannoritzer, méticuleusement documenté, met le doigt sur ces absurdités généralisées qui nous semblent aujourd’hui normales. Mais « les générations futures ne nous le pardonneront jamais », confie un Ghanéen, devant les amas de déchets occidentaux débarqués dans son pays en provenance de tout l’Occident. Ce n’est pas la première fois que ce documentaire est diffusé. Ce n’est pas la première fois non plus que nous en parlons. Mais Prêt à jeter est un must, autant qu’une bouteille à la mer. A méditer.

Guy Verstraeten

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content