Strip-Tease, la claque télé qui ramène sur le plancher des vaches

© VF Films
FocusVif.be Rédaction en ligne

Depuis la diffusion lundi soir de l’épisode « Cherche bergère désespérément » dans Strip-Tease sur France 3, le débat fait rage entre pourfendeurs du voyeurisme de l’émission et défenseurs de son principe de « docu-réalité ». Mais qui a raison?

A l’instar des épisodes cultes de l’émission Strip-Tease, Cherche bergère désespérément s’ouvre sur un univers morose, lugubre ou triste, hors du temps. Pour les citadins du fond: la campagne. L’épisode laboure ainsi les mêmes sillons fondateurs du programme créé en 1985: l’immersion dans un univers insolite, mais réel. Un internaute de L’Express souligne que « Strip-Tease au début fut AUTRE CHOSE que ce proxénétisme audio-visuel ». Faux. Strip-Tease, qui par ailleurs s’est absentée à peine quinze mois, renoue avec ses authentiques valeurs: décrire et partager le quotidien d’êtres guidés par un idéal. Reviennent ainsi en mémoire les épisodes sur le jeune garçon au rêve unique, celui de devenir coiffeur, le propriétaire de soucoupe volante dans son jardin, le fondu de tuning, ou ce couple qui taxidermise son chien et lui susurre des mots doux. Ambiance Famille Adams, mais amour absolu.

Du voyeurisme, en 2012? À croire que ceux qui affirment cela n’ont pas regardé la télévision -plate aujourd’hui, précisons leur- depuis des lustres. Les téléspectateurs outrés par la vision d’un reportage sur des paysans authentiques cultivent une bévue. Depuis plus de quinze ans, la télévision a déjà succombé à bien des dérives, des vraies: on y a vu des gens manger des asticots, certains comploter dans le dos d’autres, des hommes et des femmes se battre, des pseudos-autopsies d’extraterrestre, des relations sexuelles, des gens prétendre manger de la chair humaine, se suicider, vagabonder nu. Strip-Tease incarne une bulle dans la galaxie télévisuelle constellée de séries, d’émissions parfois loufoques mais aux codes et fonctionnements identifiables. Cet afflux d’air frais provoque un malaise, traduit par pléthore de moqueries sur les réseaux sociaux. Et si les protagonistes affichent des trognes dignes des familles de Massacre à la tronçonneuse, Calvaire, ou Sheitan, celles-ci présentent une différence de taille: elles ont une bonne âme.

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« Le long filet froid de la réalité »

Les événements du reportage ne relèvent pas d’une défaillance du téléviseur. « C’est une émission qui existe depuis longtemps, je la regardais à la télé belge, c’est peut-être la réalité mais cela existe » explique Yvette dans les commentaires de L’Express. Certains téléspectateurs moqueurs restent donc englués comme le souligne un autre internaute, dans ce « long filet froid de la réalité que l’on ne veut pas voir parce qu’on se considère toujours mieux que l’autre. » Ces personnages ne sont en rien des demeurés ou de la simple chair à canon cathodique. La preuve, le patriarche est maire de son village précise le créateur de l’émission. Quant à la mère, la grand-mère et le grand-père débordant d’amour, ils se rongent les sangs pour le bonheur de Damien, lui-même rongé par le célibat. Le téléspectateur moqueur aurait tort de craindre se réfugier chez eux par une nuit d’orage. Chez ces gens qui n’ont pas de manière, même le chien sait ouvrir la porte.

L’émission réussit sur deux tableaux: susciter l’affection pour la jeune Roumaine perdue dans un univers complètement étranger, mais aussi et surtout pour Damien, déboussolé dans sa quête d’amour. Cela faisait des lustres qu’on n’avait pas ressenti l’envie de sangloter devant son petit écran. Strip-Tease ou la réussite majeure, émouvoir autant qu’au cinéma. Un authentique tour de force.

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