Signature

© DR

Les créateurs du brillant Pigalle, la nuit reviennent avec cette série remarquable à bien des points de vue, mais franchement plus faible à d’autres.

Drôle de machin que cette Signature. Etrange objet télévisuel, tantôt flirtant avec le sublime, tantôt avec le ridicule. Entre trouvailles visuelles et scénaristiques éblouissantes et banalités affligeantes. C’est l’histoire de Toman, à l’île de la Réunion. Toman qui, il y a 35 ans, a vu tuer ses parents. Et qui a grandi hors de tout, avec ses démons, jusqu’à devenir, 35 ans plus tard, un animal sauvage, farouche, violent. Toman l’illettré tue, lui aussi, dans des accès de rage complètement déments, mais il ne s’en prend qu’à ceux qui maltraitent des enfants.

Au début du premier épisode, on le regarde fracasser le crâne d’un homme. Il s’agit de Fabrice. Fabrice que Daphné cherche partout. Daphné: parisienne, encarcanée dans un contrôle absolu, rigide et terrée derrière une carapace capitonnée. Ces deux-là, diamétralement opposés, vont forcément se rencontrer. Elle qui cherche, lui qui fuit. Et une relation singulière va se nouer entre eux, faite d’attraction/répulsion et de co-dépendance.

Une relation qui ne va pas tarder à devenir un triangle: Toman, Daphné, et La Réunion. Une île à la stupéfiante beauté vénéneuse, qui se déploie dans des paysages à la fois lunaires et généreux, mais qui peut se montrer également étriquée. Là-bas, tout le monde sait tout sur tout le monde. Et il y règne une atmosphère suffocante de suspicion.

De l’actif et du passif

Sami Bouajila incarne Toman, l’homme-enfant, et on y croit. Tout comme on se laisse embarquer par le personnage tourmenté de Daphné, porté par une douloureuse Sandrine Bonnaire. A l’actif de cette production des pères de la très remarquée Pigalle, la nuit, une mise en scène magnifique dans un décor enivrant, avec une sensualité perceptible à chaque plan. L’utilisation du silence est également aussi inédite qu’intéressante, tout comme un montage un peu erratique qui brouille régulièrement les pistes dans la tête du téléspectateur. On épinglera aussi une belle brochette de seconds rôles, dont le Bruxellois néerlandophone Jan Hammenecker, étonnant en commissaire de police aux méthodes peu orthodoxes, loin des séries policières classiques.

A son passif: une musique trop envahissante qui souligne à gros traits les sentiments que l’on est invité à ressentir, un scénario poussif et pas mal de clichés. On est dans de la fiction télé 4 étoiles, certes, mais avec le robinet qui fuit et de la poussière sur l’appui de fenêtre: on en attendait mieux.

Signature, 20.35 sur France 2.

Une série France 2, créée par Hervé Hadmar et Marc Herpoux, avec Sami Bouajila, Sandrine Bonnaire, Sara Martins.

Myriam Leroy

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content