Sang froid laisse glacial

© Jeannick Gravelines

Un film de Sylvie Verheyde qui laisse plutôt indifférent, ou qui ennuie même carrément. Scènes à la limite de l’autoparodie et du burlesque, interminables longueurs… Benjamin Biolay et Laura Smet ne parviennent pas à accrocher sur ce coup.

D’abord, il y a un garçon. Il a les cheveux mi-longs, il fume des cigarettes, il a l’air seul. On apprend qu’il file un mauvais coton, que la vie n’a pas toujours été tendre avec lui, et qu’il s’adonne désormais, pour l’adoucir, à des activités pas toujours licites.

Et puis, il y a une fille. Qui se terre chez elle. Elle a les cheveux longs, elle fume des cigarettes, elle a l’air seule. Le garçon et la fille ne se connaissent pas: normal, elle passe son temps assise par terre dans son petit studio glauque et sombre, à classer des vieilles photos. Pourtant, ils sont voisins.

A la faveur d’une fuite d’eau chez la fille, le garçon va monter, la rencontrer, la désirer. Mais leur histoire est dangereuse, parce que ces deux êtres solitaires sont en fait comme des grenades dégoupillées, prêtes à exploser. Ils pataugent dans les ennuis jusqu’au cou, et sont chacun poursuivis par des types patibulaires en quête de vengeance.

Hop, les seins

Racontée comme ça, l’histoire de Sang Froid, téléfilm porté par deux icônes contemporaines (Benjamin Biolay et Laura Smet), laisse présager le meilleur. Mais sur papier seulement. Parce que dans les faits… Certes, Sylvie Verheyde ne manie pas trop mal la caméra: Sang froid a d’ailleurs remporté le prix de la meilleure réalisation au festival de la Rochelle 2007 (faut dire que la concurrence est rarement rude). Certes Benjamin et Laura tirent bien la tronche et forment un joli couple de papier glacé. Mais cela ne suffit pas à sauver cette heure trente du naufrage, fracassée qu’elle est contre l’écueil de l’ennui le plus profond. C’est long (comment ça, il reste encore une heure?), c’est chiant, c’est poussif… insupportable, en fait.

Et ce n’est pas Stomy (Mon papa à moi est un ganster) Bugsy qui tire vers le haut cette improbable cavale entre gris clair et gris foncé. Le pire venant sans doute des dialogues du film, flirtant avec l’autoparodie. « T’as déjà été amoureux? » « Mets ta ceinture », répond l’homme brisé qui conduit sa dulcinée à l’abri du monde. Laquelle ne parvient pas à garder son t-shirt, et offre perpétuellement ses seins à la caméra, dans des scènes à la limite du burlesque. Laura a envie de séduire? Hop, les seins. Laura a peur, faim, froid, mal…? Hop, les seins.

Si on est bien disposé, on pourra en rire. Tout au plus.

Sang Froid, 22.25 sur Arte.

Téléfilm de Sylvie Verheyde, avec Benjamin Biolay, Laura Smet, Stomy Bugsy.

Myriam Leroy

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