Critique

Pop culture – La nuit gothique

© Pretty Pictures
Maxime Delcourt
Maxime Delcourt Journaliste

En matière de web-documentaire, Arte reste incontestablement un diffuseur à l’avant-garde. La nuit gothique s’inscrit parfaitement dans la lignée de ces oeuvres hybrides mêlant genres et récits pour dire le monde différemment, élargissant les potentialités de la télévision selon un mode narratif réinventé et permettant de regarder de deux manières différentes un même contenu.

Ce samedi 3 novembre à 23h25 sur Arte. ***

Trente ans après son apparition, la tribu goth fait-elle toujours partie de la contre-culture? Cela a-t-il encore une signification d’être gothique en 2012? Né sur les cendres du punk et du post-punk, le gothisme s’est rapidement opposé à toute forme d’existence sociétale, rejetant en bloc tout ce qu’elle pouvait proposer, et principalement cette dictature absolue du bonheur. Regroupant plusieurs dizaines de milliers de personnes, cette communauté ne veut pas changer le monde, mais s’en construire un nouveau, à la fois stylisé et alternatif. Le reportage mené pendant plus d’un an par Brice Lambert, Guillaume Clere et Avril Ladauge, I Got My World, ne dit pas autre chose. Outrepassant les clichés du genre pour en dévoiler les richesses, ce web-documentaire suit les pérégrinations de plusieurs gothiques d’Allemagne et de France, et tente d’en restituer les codes.

Toutefois, ce n’est pas la qualité des reportages qui est remise en cause ici – Joy Division et Cinémas d’horreurApocalypse/virus/zombies étant tous les deux très bien ficelés- mais la cohérence des liens qui se tissent entre eux. On conçoit aisément qu’un mouvement ne devienne intéressant qu’au moment où l’on en dépasse les bornes, et qu’à ce titre mieux vaut brasser large pour tenter de l’expliquer, mais comment peut-on sérieusement considérer Joy Division comme un précurseur du mouvement gothique? Comment rapprocher aussi facilement esthétique gothique et films d’épouvante? Bizarrement, les trois documentaires font même l’impasse sur des artistes tels que Marylin Manson, pourtant plus emblématique de la scène goth que les guitares saccadées de la bande à Ian Curtis. Reste que cette soirée aura au moins le mérite de mettre en lumière un univers de l’ombre et, semble-t-il, condamner à y rester malgré de grandes potentialités émancipatrices.

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