Critique

On Jack’s Road, sur les traces de Jack Kerouac (1 & 2)

© Arte
Maxime Delcourt
Maxime Delcourt Journaliste

Quatre anonymes choisissent de partir en quête d’authenticité, à la recherche de l’énergie créative qui a animé toute l’oeuvre de Kerouac.

DOCUMENTAIRE DE HANNES ROSSACHER ET SIMON WITTER. 2012 **
Ce samedi 29 septembre à 22h40 sur Arte.

En découvrant Sur la route de Jack Kerouac, on a sans doute tous rêvé de prendre le large dans une vieille caisse, parcourir l’horizon en compagnie de potes, de filles et, peut-être, de drogues. Depuis sa mort en 1969, de nombreuses générations ont donc tenté, soit d’entreprendre la même expédition, soit de lui rendre hommage. 2012 est à cet égard une année fertile qui voit se multiplier les références au fondateur de la Beat Generation, aux côtés d’Allen Ginsberg et de William Burroughs. Reste une question: comment retranscrire sans tomber dans le cliché le vent nouveau de liberté véhiculé par l’écrivain? Si la parution cette année du script original de Sur la route marquera les esprits, le film de Walter Salles directement inspiré du bouquin a déçu.

Et c’est malheureusement cette mauvaise direction que prend On Jack’s Road (1 & 2), sur les traces de Jack Kerouac. Ou comment quatre anonymes (Philip, réalisateur à Los Angeles; Anna, musicienne autrichienne; François, auteur de jeux satiriques à Vienne; Marlen, photographe à Berlin) choisissent de partir en quête d’authenticité, à la recherche de l’énergie créative qui a animé toute l’oeuvre de Kerouac. Leur but: marcher dans les pas de l’écrivain, 60 ans après lui, et comprendre ce qui les réuni ou les sépare. Le problème, c’est que contrairement au grand Jack, nos jeunes protagonistes voyagent dans de telles conditions qu’il ne leur est décemment pas possible de vivre l’imaginaire ou de ressentir la liberté. S’ils considèrent leur voyage comme une thérapie, ces derniers ressemblent davantage à des sujets soumis à une expérience télévisuelle qu’à de véritables baroudeurs en virée dans « le tourbillon de la route », comme aurait dit Kerouac. Outre une mise en scène un peu trop folklorique, ces soi-disant « clochards célestes » n’ont rien des fous furieux, du verbe ou de l’écriture, qui intéressaient Kerouac. Alors que celui-ci avançait sans but ni raison, ces jeunes gens, eux, savent où ils veulent aller, ce qu’ils désirent voir et ce qu’ils souhaitent trouver. Pire, ils le font avec un iPad entre les mains. Pas sûr que l’aventure soit vraiment le mot adéquat dans ce cas-là.

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