Critique

Octobre

Les connaisseurs (et peut-être les autres) féliciteront Arte de placer, à heure tardive certes, l’un des chefs-d’oeuvre fondateurs du cinéma.

OCTOBRE, DRAME HISTORIQUE DE SERGUEÏ EISENSTEIN. AVEC VASSILI NIKANDROV, N. POPOV, BORIS LIVANOV. 1927. ****

Ce mercredi 15 février à 23h30 sur Arte.

A l’heure où le Festival de Berlin présente une somptueuse version restaurée du classique d’Eisenstein, avec accompagnement musical « live », Arte a la très bonne idée de la projeter pour les téléspectateurs cinéphiles. Octobre est inspiré du reportage de John Reed, Dix jours qui ébranlèrent le monde. Le film évoque la révolution de 1917, du crépuscule du tsarisme à la victoire des « Rouges » menés par Lénine. Eisenstein donne aux événements l’élan d’une fresque politique, historique, humaine aussi, avec une virtuosité visuelle de chaque instant. Les plans captivants se succèdent, le montage s’aère d’une redoutable efficacité, relayant les engagements d’une £uvre où l’idéologie soviétique trouve une de ses plus puissantes incarnations. La photographie d’Edouard Tissé, un grand chef-opérateur, sert à merveille le style inspiré d’un metteur en scène au sommet de son art. On notera que la censure n’a pas épargné Eisenstein, les séquences montrant Trotski étant par exemple coupées d’autorité par un pouvoir attentif à ne rien laisser passer. Le cinéaste dut la subir, reportant son énergie sur ce qui, de toute manière, fut toujours sa motivation première: la forme.

Louis Danvers

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