Les pirates du vivant

L’avantage, quand on se veut sensible aux injustices qui gangrènent le monde, c’est qu’il y a toujours un petit quelque chose au coin de la rue pour se révolter. La preuve en images avec ce documentaire qui plonge au coeur d’une problématique méconnue, mais pour le moins interpellante.

Documenataire de MARIE-DOMINIQUE ROBIN.
Ce mercredi 28 avril à 23.05 sur LA UNE.

On démarre en effet avec le sieur Proctor, propriétaire terrien du Colorado à qui l’Office des Brevets de Washington a accordé un bout de papier officialisant son pouvoir -en termes de royalties- sur une variété d’haricots jaunes. Sauf que cette variété est en réalité cultivée depuis des temps immémoriaux au Mexique voisin, où la résistance s’opère pour éviter d’être spolié de cette ressource naturelle.

L’Office des Brevets de Washington accorde ainsi 70 000 sésames annuels, dont 15 % concernent des organismes vivants -via notamment les modifications génétiques. Une porte béante pour cette pratique qu’on nomme « biopiraterie »: pour faire simple, il s’agit, pour les nations les plus puissantes, d’aller prospecter dans le Tiers-Monde ou dans les pays émergeants pour y « découvrir » des « nouveaux » procédés. Des procédés si neufs qu’ils datent, dans certains cas, de… plus de 3000 ans.

ÉLOIGNER LES BIOPIRATES

L’exemple du Margousier, en Inde, n’est pas le moins frappant: ses propriétés fongicides, utilisées dans l’agriculture locale depuis des millénaires, ont été brevetées par une multinationale américaine. L’admirable et incontournable Vandana Shiva, chantre de la résistance agricole indienne, a pris la tête du combat censé doter les nations vulnérables d’outils leur permettant d’éloigner les biopirates.

Car on tombe dans une situation surréaliste: les pays en voie de développement, qui n’ont pas toujours que cela à faire, sont contraints de créer d’immenses bases de données compilant leurs savoirs ancestraux pour éviter que d’autres les « découvrent » sur leur sol. Imaginez alors ce que ressentent les pays qui, comme le Brésil, disposent de 25 % de la biodiversité mondiale sur leurs terres, grâce à la Forêt amazonienne. Le documentaire de Marie-Dominique Robin, Grand Prix au Festival international du Grand Reportage d’actualité (FIGRA 2006), le relate avec entrain et détermination.

Guy Verstraeten

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