Les Beaux Mecs

Portée par l’excellent Simon Abkarian, cette nouvelle série en forme de polar réussit son pari. Et dépasse largement les canons des fictions télévisuelles françaises.

Des « beaux mecs ». Il paraît que c’est comme ça que les truands se surnomment entre eux dans le grand banditisme, et que les flics ont adopté le sobriquet. Rien à voir avec la tronche de nos anti-héros, sacrément marqués par la vie. Tony, dit « le dingue », porte ainsi sur son visage les stigmates d’une existence biberonnée aux crimes en tous genres. Tout petit déjà, il exécutait des basses tâches pour le proxénète de sa mère, prostituée vieillissante impliquée malgré elle dans « le milieu ». Adolescent, il est devenu un membre à part entière de la « bande ». Incarcéré depuis les années 80 pour un braquage qui a coûté la vie à un homme, et alors que la fin de sa détention est proche, il s’évade. Mais pas tout seul: à ses côtés il y a Kenz, petit caïd des cités, dont la fougue (ou plutôt l’inconscience) et les méthodes sont diamétralement opposées. Ces deux-là que tout sépare, vont toutefois voir leur cavale s’enchevêtrer, et des liens très particuliers se nouer entre eux. Un pitch a priori banal pour un polar -le tandem hétéroclite étant un vieux poncif de la fiction télé- mais traité avec une belle élégance. Les Beaux Mecs voyagent en effet dans le temps, à la faveur de flashs-backs balayant les années 50 à 80, et qui brossent le portrait d’un homme qui est le produit de son milieu. Simon Abkarian est impeccable dans son rôle de truand charismatique, et Soufiane Guerrab plus vrai que nature dans celui d’une interchangeable crapule de banlieue.

Les femmes non plus ne déméritent pas dans le rôle qui leur a été assigné (Victoria Abril charmante en prostituée sulfureuse, Karine Lyachenko lumineuse en mère de criminel), celui-ci frisant cependant le stéréotype. Les Beaux Mecs recyclent d’ailleurs pas mal de clichés, et ne font pas toujours dans la dentelle lorsqu’il s’agit de dépeindre des situations ou de faire comprendre les tenants et aboutissants au téléspectateur. Ils sont néanmoins très supérieurs à ce que la télévision française produit d’habitude en termes de séries: avec une écriture de haut vol et des moyens colossaux, ils parviennent à faire oublier leurs faiblesses.

Les Beaux Mecs, série de Gilles Bannier, avec Simon Abkarian, Soufiane Guerrab, Victoria Abril.

Ce mercredi 16 mars à 20h35 sur France 2

Myriam Leroy

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