Les 11 meilleurs choses à voir à la télé cette semaine

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Films, séries, documentaires… Qu’y a-t-il à voir dans le petit écran, du 16 au 22 décembre?

ÉCHAPPÉES BELLES

Émission touristique présentée par Jérôme Pitorin. ***

Samedi 16/12, 20h50, France 5.

Les 11 meilleurs choses à voir à la télé cette semaine
© DR

C’est l’un des programmes phares de la chaîne. Depuis onze ans maintenant, l’émission de France 5 Échappées belles emmène les téléspectateurs en voyage chaque semaine aux quatre coins du monde à travers des rencontres et des reportages. C’est arrivé près de chez vous… Pour le numéro de ce week-end, Jérôme Pitorin, par ailleurs chroniqueur dans La Quotidienne, est parti se promener à Bruxelles. Une escapade d’abord un peu cliché. Grand-place, gaufres, frites, chocolat, Atomium. Mais aussi des endroits et des moments incongrus. La visite d’un train hôtel planté sur le toit d’un bâtiment avec d’authentiques couchettes et vue sur la ville, la promenade dans une émaillerie où ont été fabriquées toutes les plaques du métro… parisien. Pitorin rencontre l’habilleur officiel de Manneken-Pis, va boire un coup avec un club de moustachus qui aiment le patrimoine et la gastronomie de leur ville (l’Ordre de la moustache de Bruxelles)… Pas très underground mais de quoi raviver un peu l’image sympathique de la capitale de l’Europe.

J.B.

CÉSAR. SCULPTEUR DÉCOMPRESSÉ

Documentaire de Stéphane Ghez. ***(*)

Dimanche 17/12, 17h35, Arte.

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César, né Baldaccini, a vu le jour au coeur des quartiers populaires de Marseille. Est-ce son enfance modeste qui a entraîné le jeune homme à rendre leur noblesse aux déchets? Sa volonté toute instinctive à ouvrir un nouveau chapitre de la sculpture à partir du matériau métallique le plus brut tend à le démontrer. Le choc esthétique du fer hydrauliquement compressé marquera une rupture radicale. Il délègue désormais l’acte créateur à la machine. Comme un équivalent du Pop Art américain, il transforme la réalité du quotidien en oeuvre d’art. De cette poésie du recyclage, d’une symbolique aussi simple que violente, il explorera chaque recoin, alors qu’il s’expose autant à l’adulation qu’à l’incompréhension. Cette audace embrasera autant les compressions que les expansions ou son travail sur l’échelle des empreintes humaines. Vingt ans après sa disparition, ses proches et quelques experts voués à sa cause illumineront d’un oeil émerveillé le parcours du bonhomme, à qui des archives gouailleuses permettront de développer et justifier l’oeuvre pléthorique. Alors que l’exposition qui lui est consacrée se tiendra au Centre Pompidou de décembre à mars, voici l’occasion de rendre à César ce qui lui revient de bon droit: son art polymorphe, toujours en porte-à-faux entre rupture et tradition, a majestueusement reflété les défis industriels et sociaux de son temps.

M.U.

LE REPTILE

Western de Joseph L. Mankiewicz. Avec Kirk Douglas, Henry Fonda, Hume Cronyn. 1970. ****(*)

Dimanche 17/12, 20h55, Arte.

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En ouverture d’un remarquable cycle Mankiewicz (prochain film à passer: le sublime Eve, lundi), Arte nous propose l’unique western du grand cinéaste américain (1909- 1993). Un film de genre en tout point fascinant, où Kirk Douglas interprète un prisonnier intelligent et manipulateur, dominant ses co- détenus et profitant de la foi en l’humanisme d’un directeur bienveillant pour préparer son évasion. Et récupérer un butin conservé dans une fosse remplie de serpents… À 61 ans, Mankiewicz ne semble plus se faire guère d’illusion sur la nature humaine. Mais loin d’être amer, son film adopte un ton sarcastique et finalement assez jubilatoire! Kirk Douglas y trouve un de ses meilleurs rôles, face à un Henry Fonda transportant (vainement) les valeurs positives qu’il véhiculait aussi dans la vie réelle. Il faut voir ou revoir Le Reptile, projet atypique du maître scénariste et réalisateur de La Comtesse aux pieds nus.

L.D.

TERRES DE CINÉMA

Série documentaire de Jean Froment. ***

Lundi 18/12, 19h00, Arte.

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Véritable levier touristique, le septième art a, ces dernières années, transformé ses sites de tournage en véritables lieux de pèlerinage. Même les films d’animation se sont mis à jouer sur le tourisme. La Norvège a ainsi enregistré une hausse de fréquentation de vacanciers américains depuis la sortie de La Reine des neiges (ses paysages sont inspirés de lieux réels)… Why not? Série documentaire en cinq épisodes de trois quarts d’heure, Terres de cinéma joue les cinétouristes. Avant de se lancer sur les traces de Harry Potter, de Tigre et Dragon, d’Amélie Poulain et de Bridget Jones, Jean Froment part à la découverte de la Nouvelle-Zélande où Peter Jackson a tourné sa trilogie Le Seigneur des anneaux et donné vie à l’oeuvre de Tolkien. 500.000 visiteurs se pressent chaque année dans le pays pour aller visiter le village des Hobbits, 44 minuscules maisons creusées dans le sol sur une petite partie de l’immense domaine agricole de Russell… D’autres y vivent. Souvent en communion avec la nature. Une découverte sympa mais anecdotique de l’île, des habitants et de leurs richesses.

J.B.

PARIS, ETC.

Série créée par Zabou Breitman. Avec Zabou Breitman, Lou Roy-Lecollinet, Anaïs Demoustier, Valeria Bruni-Tedeschi, Naidra Ayadi, Hippolyte Girardot. ***(*)

Lundi 18/12, 21h00, Be 1.

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Cinq femmes. Cinq carrefours de la vie. Arrivée de son Alsace natale pour un stage de cuisine dans un grand hôtel de Paris, Allison (Lou Roy-Lecollinet) confronte ses images fantasmées d’une ville de lumière et de possibles à la réalité d’une métropole où tout le monde est speed et marche pour sa gueule. Chef de clinique, Marianne (Valeria Bruni-Tedeschi) défend farouchement le peu d’autonomie que son récent divorce et la garde de ses enfants lui laissent auprès d’un compagnon fuyant, et a du mal à piger pourquoi le monde ne s’adapte pas à son sens du foirage et de l’improvisation dramatique. Pour Mathilde (Anaïs Demoustier), ça ne va guère mieux. Son compagnon (Hippolyte Girardot) lui aussi divorcé, elle se coupe en quatre pour son beau-fils et ne récolte que reproches ou indifférences du goujat qui la persuade qu’elle est transparente, quand sa trentaine et ses mains d’or de masseuse devraient le mettre à genoux. Nora (Naidra Ayadi), surdiplômée et sous-employée en raison de ses origines maghrébines, bataille entre piges, traductions et mari absent, pour soigner le handicap de son enfant. Dans un Paris reconnaissable par quelques plans furtifs, mais jamais appuyés, des dialogues qui reprennent de légers stéréotypes de ses habitants (individualisme, surmenage, autocentrage, sexe…) débarque Gil (Zabou Breitman). Après dix ans passés aux bras de son homme à Tahiti, où elle s’éclate et s’épanouit, elle revient prendre des nouvelles de son ex et de ses enfants. Dans un récit choral qui relie des personnages que tout ou presque éloigne par la grâce de quelques éléments narratifs particulièrement bien trouvés, ce récit inoffensif de la condition féminine dans une grande ville frénétique donne voix à de véritables héroïnes, agaçantes à souhait, touchantes au possible, terriblement humaines et imparfaites. Cette création originale de la chaine Canal Plus sera projetée ce samedi soir (16/12) à Bozar dans le cadre de la 5e édition du Festival Are You Series?

Nicolas Bogaerts

BETTE DAVIS – LA REINE D’HOLLYWOOD

Documentaire de Sabine Carbon. ***

Lundi 18/12, 23h05, Arte.

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Tout commence par un coup de pistolet. Celui que Bette Davis/Leslie Crosbie décoche à son amant dans le film La Lettre de William Wyler, en 1940. Contexte actuel oblige, la séquence a quelque chose de jouissif ou de transgressif, selon. Quoiqu’il en soit, le ton est donné: fallait pas chercher Bette Davis. Avec ses yeux que Kim Carnes a chanté dans son tube de 1981, elle a toisé les caméras, scanné les hommes, envoûté les foules. Ils reflétaient un caractère bien trempé, atypique. Dommage que le documentaire, revue anthologique de ses hauts faits en noir et blanc ou cinémascope, vire parfois en une série de témoignages reliés par le fil d’une enquête « sur les pas de Bette Davis » qui, certes, nous permet d’écouter les anecdotes de la délicieuse Gena Rowlands, entre autres proches, mais nous dit peu de l’actrice vénéneuse de L’Emprise ou de All about Eve. Ce personnage indomptable, l’audace qu’elle a incarnée dans la jungle masculine d’Hollywood, n’en paraissent que plus lointains.

N.B.

ADIEU BERTHE OU L’ENTERREMENT DE MÉMÉ

Comédie de Bruno Podalydès. Avec Valérie Lemercier, Denis Podalydès, Isabelle Candelier. 2012. ****

Mercredi 20/12, 22h50, France 4.

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Ils sont succulents, et personnels aussi, les films de Bruno Podalydès. Le frère barbu de Denis (son interprète fétiche) n’a pas son pareil pour développer un humour tout fait de décalages, d’une pincée d’absurde mais aussi de profondeur humaine affleurant ça et là, discrètement. Le réalisateur de Comme un avion et du Mystère de la chambre jaune -son plus gros succès- nous propose ici de suivre les péripéties entourant les funérailles d’une certaine Berthe, une grand-mère qu’avait un peu oubliée Armand (Denis Podalydès), pharmacien de province à la vie sentimentale assez compliquée. Comment va-t-on dire adieu à mémé, en la mettant en terre ou en l’incinérant? Une question parmi d’autres, pour un film au déroulement capricieux, et au charme doux-amer, d’une séduction indicible. Le rire est au rendez-vous, mais aussi quelques larmes. Du beau cinéma, généreux, lumineux. Et admirablement joué par des acteurs complices.

L.D.

DISCO EUROPE EXPRESS

Documentaire d’Olivier Monssens. ***(*)

Jeudi 21/12, 22h10, La Une.

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© DR

Ses origines sont noires, américaines mais l’Europe a joué un rôle important, déterminant même, dans l’histoire du disco. C’est ce que démontre et retrace ici Olivier Monssens (Belgitubes, Les Belges ça ose tout…). L’histoire de ces alchimistes européens qui se sont cachés derrière les tubes de Donna Summer, des Village People et de Boney M. Ils s’appellent Giorgio Moroder, Harold Faltermeyer, Pete Bellotte, Frank Farian et ils ont fabriqué dès les années 70 des hits qui aujourd’hui encore continuent de chauffer les dancefloors. Ça parle de bases américaines en Europe, du studio Musicland où a été enregistré Love to love you baby (inspiré par Je t’aime moi non plus) ou encore de Marc Cerrone (Love in C Minor) jeté par sept majors en France et tombé par hasard dans les mains d’un DJ new-yorkais… 3 millions d’albums vendus. De Munich, foyer disco en Europe, à Paris, en passant par Stockholm et Bruxelles, d’Abba à Patrick Hernandez en passant par quelques incroyables kitscheries, Monssens célèbre avec images d’archives et moult entretiens les pattes d’éph, les paillettes et les boules à facettes.

J.B.

PREACHER, SAISON 2

Série créée par Sam Catlin, Evan Goldberg et Seth Rogen. Avec Dominic Cooper, Joseph Gilgun, Ruth Neega. ***(*)

Vendredi 22/12, 20h30, Be Series.

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Dans un monde habité par des entités, des êtres surnaturels et des justiciers pas tout à fait nets, le pasteur Jesse Custer a hérité du pouvoir de faire plier quiconque à sa volonté. Avec sa petit amie Tullip et Cassidy, un vampire irlandais facétieux et cramé du bulbe (littéralement), sa quête de rédemption le fait se frotter à de vilains pas beaux. Preacher, adaptation du comics barré de Garth Ennis, avait à sa portée tous les ingrédients pour devenir culte. Las, la première saison avait reçu un accueil mitigé. Son producteur principal, l’acteur Seth Rogen, entendait corriger le tir avec une saison plus rythmée, qui épaissit les personnages, renforce le rythme et les effets comiques. Au final, le résultat escompté se voit peu. Dominic Cooper fait le job, mais c’est Joseph Gilgun et Ruth Negga, dans les rôles de Cassidy et de Tulip, qui tirent leur épingle du jeu. On rit beaucoup, on plisse les yeux devant le gore et l’hémoglobine, on s’émerveille de la souplesse mentale qu’il y a à vouloir sortir un récit messianique d’un bain de sang. Divertissant, Preacher ne nous fera pas vendre notre âme au diable pour une troisième saison.

N.B.

GEORGE MICHAEL: FREEDOM

Documentaire de George Michael et David Austin. ****

Vendredi 22/12, 22h25, Arte.

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© DR

Lorsque le chanteur George Michael a tiré sa révérence le 25 décembre 2016, il s’apprêtait à mettre la touche finale à un documentaire autobiographique. Peu avant le premier anniversaire de sa mort, Arte en diffuse la version aboutie, particulièrement riche et émouvante. Sesconfessions le montrent accablé par le désamour de soi, la solitude et l’insatisfaction maladive. Sa voix qui synthétise la northern soul et la pop eighties turquoise a pourtant magnétisé les foules dès sa première apparition télé avec Wham!, en 1982, jusqu’à son explosion solo avec Careless Whisper (1984) et surtout Faith (1987). Sentant qu’il se prostitue au nom d’un personnage hétéro et sûr de lui qu’il n’est pas, secoué de pulsions autodestructrices, il sèche les promotions de ses disques et disparait progressivement des écrans. Résultat: le clip de Freedom 90, peuplé de mannequins, le propulse au firmament de la célébrité. « Le Mona Lisa » de sa carrière, dit le producteur Mark Ronson, qui témoigne ici avec Ricky Gervais, Naomi Campbell, Liam Gallagher, Stevie Wonder, Elton John, Jean-Paul Gaultier… George Michael raconte enfin son coming out douloureux, son grand amour, Anselmo, mort du sida quelques années après Freddie Mercury et, à rebours de ses clips, se montre tel qu’en lui-même. Poignant de bout en bout.

N.B.

PERVERT PARK

Documentaire de Frida et Lasse Barkfors. ***(*)

Vendredi 22/12, 02h50, Arte.

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Une application permet de les localiser. Souvent surnommés les violeurs de bébés, ils trouvent parfois des sacs bourrés de rats dans le séchoir communautaire mais n’ont pas l’air de s’en traumatiser plus que ça… L’an dernier, plus de 800.000 délinquants sexuels étaient enregistrés aux États-Unis. En liberté surveillée, ils ne peuvent pas, dans la plupart des états, habiter à moins de 300 mètres d’un endroit fréquenté par des enfants. Logements à bas coût, programmes d’assistance et de soutien… En 1990, Nancy Morais, dont le fils ne trouvait nulle part où vivre à sa sortie de prison (personne n’a envie d’habiter à côté d’un violeur ou d’un pédophile), a créé le parc à caravanes Florida Justice Transition. Aujourd’hui, 120 personnes y vivent. Ils ont purgé leur peine, se sentent en sécurité, dans une espèce de compréhension mutuelle… Frida et Lasse Barkfors vont à leur rencontre, filment leur quotidien et écoutent leurs histoires. Glauques, par moments franchement insoutenables. Il faut se faire violence pour entendre ces témoignages. Se confronter aux atrocités qu’ils ont commises, aux horreurs dont ils ont aussi très souvent été victimes. Pervert Park s’attaque cependant à un problème essentiel: leur sort. Que fait-on d’eux? De ces « monstres » déshumanisés dont plus personne ne veut? Pas soignés et livrés à eux-mêmes dans le système américain… Fort, dérangeant et questionnant.

J.B.

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