Les 10 meilleures choses à voir à la télé cette semaine

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Peaky Blinders, Fargo, Mad Max: Fury Road, Poutine contre les USA… Films, séries et documentaires, voici notre sélection du meilleur de la télé pour la semaine du 13 au 19 janvier.

DARK

Une série Netflix créée par Baran bo Odar. Avec Oliver Masucci, Karoline Eichhorn, Jördis Triebel, Louis Hofmann. ***(*)

Disponible sur Netflix.

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Au milieu d’une forêt, non loin d’une centrale nucléaire, la bourgade de Winden est le théâtre d’une disparition d’adolescent, reliée à une grotte mystérieuse et à un évènement similaire survenu en 1986. Sur ces prémices, la série allemande Dark a été propulsée en quelques semaines au rang de nouvelle sensation Netflix -elle marque la première production de la plateforme dans la langue de Nietzsche. Malgré ses airs de sempiternel polar sylvestre, ses gimmicks de pop métaphysique, entre Stranger Things, Lost et le froid The Killing, et après trois premiers épisodes trop chargés en information, Dark déroule son spleen lancinant et séduisant tout au long d’une énigme atmosphérique aux forts accents kubrickiens.

N.B.

eLEGAL

Série créée par Erwan Augoyard et Sophie Kovess-Brun. Avec Olivia Harkay, Raphaëlle Bruneau, Adrien Letartre. ***(*)

Samedi 13/1, 20h55, La Une.

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© DR

Dans la veine cybercriminelle inaugurée avec Unité 42, la RTBF explore cette fois le versant judiciaire. À l’action et aux accents de polar se substitue avec eLegal un format plus verbal, plus analytique, plus en prise avec les questions qui agitent l’époque (le harcèlement scolaire, l’intrusion des objets connectés, les propos sexistes en ligne…) et auxquelles Erwan Augoyard et Sophie Kovess-Brun ont choisi de répondre sans flatter le prisme purement sensationnel. Au contraire, et c’est là le pari risqué, le duo formé par Valentine, avocate aussi idéaliste qu’opportuniste, et Fran, sa demi-soeur, hackeuse renfrognée en sursis, aborde chaque cas en dévoilant ses tenants et aboutissants -dans la limite du format 52 minutes. Si le rythme souffre parfois de ce parti pris, il est secoué de suffisamment de sursauts d’adrénaline pour assumer le mélange entre pédagogie et rebondissements. Pour aborder le droit des nouvelles technologies, matière ardue mais tellement présente dans notre quotidien, il fallait des actrices capables de surfer sur ces différents tableaux: Olivia Harkay et Raphaëlle Bruneau déploient l’ambivalence nécessaire à cet exercice et surtout l’empathie, particulièrement difficile à faire passer à la télévision. C’est moins musculeux, référencé et tape à l’oeil, plus lent… Mais on en sort beaucoup plus intelligent.

N.B.

LES SUPERPOUVOIRS DES RATS-TAUPES NUS

Documentaire d’Herbert Ostwald. ***(*)

Samedi 13/1, 22h20, Arte.

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Imberbe, il a un physique ingrat avec ses dents proéminentes et pointues. À tel point qu’au départ, même les scientifiques le prenaient pour un rongeur malade. Originaire d’Afrique, descendant du chinchilla et du porc-épic, le rat-taupe nu, « la saucisse aux incisives » comme certains l’ont peu amènement baptisé, est pourtant insensible à la douleur et vit longtemps tout en gardant une santé de fer. Fléau pour les cultivateurs, la bête est très appréciée par les laboratoires de recherche. Et pour cause. Elle ne tombe pas malade en vieillissant et vainc presque à tous les coups le cancer. La durée de vie pour l’homme a doublé au cours des 150 dernières années dans les pays industrialisés mais la clé de la jeunesse éternelle réside-t-elle dans le corps de ces minuscules animaux qui vivent sous terre, ont la taille d’une souris mais une espérance de vie dix fois supérieure à la sienne? Spécialiste du vieillissement, biologiste de l’évolution ou encore zoologue lèvent un coin du voile sur cette étrange petite bête qui monte qui monte…

J.B.

MAD MAX: FURY ROAD

Film d’action de George Miller. Avec Tom Hardy, Charlize Theron, Zoë Kravitz. 2015. ****(*)

Dimanche 14/1, 20h55, France 2.

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Formidable retour que celui de la saga de Mad Max inaugurée en 1979 par un George Miller alors en mode tournage sauvage et (tout) petit budget! Mel Gibson n’est plus là, lui qui joua dans les trois premiers films (donc aussi Mad Max 2: Le Défi en 1981 et Mad Max: Au-delà du dôme du tonnerre en 1985). Trois décennies plus tard, c’est Tom Hardy et Charlize Theron qui emmènent la distribution d’un spectacle aussi riche en action qu’inspiré visuellement et féroce dans le ton. Max Rockatansky y est hanté par son lourd passé et survit en solitaire dans un univers post-apocalyptique où sévit Immortan Joe, un seigneur de guerre cruel. Embarqué malgré lui par la bande de l’Impératrice Furiosa (la bien nommée), le héros fera cause commune face aux terribles dangers qui s’accumulent… Mad Max: Fury Road, c’est l’union rare et d’autant plus savoureuse de la logique commerciale du blockbuster et du trip personnel d’un cinéaste totalement désinhibé. Les codes explosent, tout est permis, on se régale!

L.D.

FARGO

Film policier de Joel Coen. Avec Frances McDormand, William H. Macy, Steve Buscemi. 1996. ****(*)

Lundi 15/1, 20h35, La Deux.

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Les frères Coen réussissent à merveille cette comédie policière à la fois très noire et cruelle mais aussi fort drôle et attachante. Frances McDormand (par ailleurs épouse de Joel, l’aîné) campe merveilleusement Marge, une policière enceinte et déterminée, menant l’enquête sur une sordide affaire de kidnapping qui trace sur la neige une piste sanglante. Nous sommes en plein hiver, dans un trou perdu de ce Minnesota où naquirent et grandirent les Coen. Une région dont les paysages à la fois superbes et désolés offrent un cadre idéal au plus intrigant des polars décalés. L’humour étrange et néanmoins complice des auteurs de Miller’s Crossing et The Big Lebowski s’épanouit dans Fargo avec une belle évidence. La série télévisée qui a suivi le film à partir de 2014 (trois saisons déjà, une quatrième -presque- promise pour 2020) en prolonge avec bonheur les délices, mais rien ne vaudra jamais le film original!

L.D.

PLASTIC CHINA

Documentaire de Jiu-Liang Wang. ****

Lundi 15/1, 21h35, La Trois.

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© DR

N’en déplaise à Elmer Food Beat, le plastique n’est pas toujours fantastique. A fortiori pour la Chine qui est le premier importateur de déchets du genre en provenance du Japon, de Corée, d’Europe et des États-Unis. Yi-Jie, une gamine de onze ans, travaille avec ses parents dans un atelier de recyclage. Le boulot, éprouvant, mal payé, s’effectue à mains nues dans des conditions épouvantables. Son paternel lui fait miroiter l’école une fois qu’ils seront de retour dans leur village mais pour l’instant, pas question. Il n’a ni les moyens ni l’envie de payer pour sa scolarité. Il préfère boire son fric et a besoin de toute la main d’oeuvre familiale à disposition. D’autant que sa femme accouchera bientôt dans cet enfer de plastique. Plastic China suit aussi la famille de Kun, le patron des lieux. Propre sur lui, Kun rêve d’argent et de belles voitures et ne jure que par l’éducation. Décharges à ciel ouvert qui servent de magasins de jouets aux gosses, cours d’eau dans lesquels les poissons meurent mais où on puise tout de même le souper. Voilà pour le cadre de vie miteux et le quotidien désespéré de ces gens qui subissent notre irresponsabilité et survivent de nos poubelles. Objectif d’argent au dernier festival Millenium, double portrait de famille et plongée dans le monde du recyclage plastique, le docu de Jiu-Liang Wang montre, dans la sphère intime et à une échelle humaine, l’impact de nos comportements anti écologiques et à quoi sont réduits les plus pauvres. Désespérant et interpellant.

J.B.

POUTINE CONTRE LES USA

Documentaire de Michael Kirk. ****

Mardi 16/1, 20h50, Arte.

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© DR

Le jour du réveillon de Nouvel An, en 1999, Boris Eltsine, qui a perdu l’amour et l’admiration de sa population, remet sa démission et confie les clés de la Russie à son Premier ministre. Ancien officier du KGB, il s’appelle Vladimir Poutine. Documentaire en deux parties diffusées coup sur coup, Poutine contre les USA est un portrait de l’homme. Du politicien malin, obsédé par le petit écran, qui prend d’emblée le contrôle de la télévision (c’est de là que 90 % de la population tire ses informations) et cherche à se présenter comme un chef d’état du XXIe siècle. Celui d’un dirigeant qui cultive l’image d’un réformateur et d’un démocrate mais est en fait un menteur professionnel qui n’a cessé de centraliser son autorité, de réduire la démocratie pour renforcer son pouvoir en se servant de tous les événements possibles pour le justifier. S’il parle par ailleurs des disparitions (leaders de l’opposition, journalistes indépendants, militants anti-corruption…), Michael Kirk (enquêteur pour l’émission Frontline) s’intéresse surtout, comme le nom de son film l’indique, aux relations compliquées de Vladimir avec les États-Unis -lui qui a été entraîné à les voir comme l’ennemi. Au coeur de cette histoire: son implication dans les élections US et la victoire de Donald Trump… Alimenté par les ex-directeurs de la CIA et de la NSA, des responsables politiques, des dirigeants militaires et des journalistes (56 interviewés au total), un docu fouillé qui en dit long sur les relations internationales, le pouvoir des fake news, le fonctionnement de la diplomatie et l’ampleur de ce qui se trame au-dessus de nos têtes.

J.B.

PEAKY BLINDERS, SAISON 4

Série créée par Steven Knight. Avec Cillian Murphy, Helen McCrory, Paul Anderson, Joe Cole, Adrien Brody, Aidan Gillen, Charlie Murphy. ****(*)

Jeudi 18/1, 20h55, Arte.

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Quatrième round pour les Peaky Blinders, famille criminelle dont le destin se confond avec l’Empire britannique et son histoire industrielle, sociale et politique, au coeur de cette sombre saga forgée au rock. L’emprise de ce gang authentique sur Birmingham, chaudron du centre de l’Angleterre, a démarré à l’ère Victorienne, mais la série produite par la BBC la situe à la fin de la Première Guerre mondiale. Le bruit, la fureur, la manipulation et la violence ont jalonné l’ascension, de la fange aux lambris, de Thomas Shelby (Cillian Murphy), ses frères Arthur (Paul Anderson) et John (Joe Cole), sa tante Polly (Helen McCrory) et son cousin Michael (Finn Cole). Au prix d’un affrontement, saison après saison, avec des ennemis de plus en plus retors. Nous voilà en 1926 et, cette fois, la mafia italo-américaine débarque sur les docks pour faire payer le prix du sang aux Shelby après le meurtre, l’an dernier, du patriarche Vicente Changretta. Entretemps Thomas, veuf, plus sombre et autoritaire que jamais, isolé des siens qu’il a trahi, sombre dans l’alcool et le sexe. Face à cette nouvelle menace, plus imminente et explicite encore que les autres, il doit réunir le clan pour le protéger et organiser une bataille rangée qui va laisser quelques cadavres sur les pavés. En toile de fond, les grèves massives agitent les usines anglaises et une jeune syndicaliste, Jessie Eden (inspirée d’une figure réelle de l’histoire ouvrière), entend bien imposer la stricte égalité salariale entre hommes et femmes. Ainsi va Peaky Blinders depuis 2013: la série fait résonner hier et aujourd’hui, reconstitution historique et rock emblématique de l’ère post-industrielle (Nick Cave, Savages, The Kills, Jarvis Cocker, White Stripes, Laura Marling, PJ Harvey…) dans un entrelacs narratif où la trame se souille volontiers d’éclats de sang et de chair et se resserre dans une alternance de suspens et de rebondissements qui laisse miraculeusement peu de place à la redite. À côté de Cillian Murphy et Paul Anderson qui gagnent leurs galons de grands comédiens, brillent les seconds rôles de luxe, Tom Hardy (qui revient en savoureux chef de gang juif), Aidan Gillen (Game of Thrones) et surtout Adrien Brody parfaitement inquiétant dans le rôle de Luca Changretta, parrain sicilien sadique. Il cabotine aussi ouvertement qu’un De Niro fin de carrière, donnant à son personnage les accents ironiques qui contribuent à faire de la série une réussite dans tous les registres.

Nicolas Bogaerts

JEUNESSE À VENDRE

Documentaire d’Alexis Marant. ***(*)

Jeudi 18/1, 22h10, La Une.

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© DR

Comment empêcher que tout puisse se vendre? Comment stopper le commerce des corps? A fortiori celui des adolescentes? Telles sont quelques-unes des questions soulevées par ce documentaire d’Alexis Marant sur un phénomène encore tabou: la prostitution des mineures. Enfants en détresse, parents totalement perdus et désabusés… Marant rencontre des familles brisées. Des gamines qui jouent avec leur pouvoir de séduction et marchandent leur corps. Des pères et des mères qui n’ont rien vu venir avant qu’il ne soit trop tard. « Une pipe contre un McDo? L’intimité de mon corps n’est pas très importante. Donc, si ça peut m’amener des choses intéressantes, pourquoi pas » résume une éducatrice. Océane, Léa, Inès… Tous les milieux sont touchés et tout commence souvent à l’école, dans la cour de récréation. Ça débute comme un jeu. Et puis, le piège se referme. Le protecteur agit comme un bourreau. Il y a la drogue, la violence, l’absence d’aide de la police. « Votre fille est une pute. Faut vous y faire. » Un film effrayant et une phrase glaçante qui trotte longtemps en tête. « Le sexe et le fric sont les valeurs de leur monde. »

J.B.

LA TÉLÉ DES ANNÉES 80: LES DIX ANS QUI ONT TOUT CHANGÉ

Documentaire de Pascal Drapier. ***(*)

Vendredi 19/1, 20h55, France 3.

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© DR

Arrivée de Canal +, La Cinq, M6, privatisation de TF1… Alors cadenassée par le pouvoir, la télévision dans les années 80 devient libre et vit, mine de rien, une véritable révolution. À l’époque, le petit écran constitue le hobby préféré des Français. L’offre n’est pas énorme et tout le monde regarde la même chose. On parle d’un temps où des pics de consommation d’eau sont enregistrés après le film du soir. Quand tout le monde s’en va pisser avant d’aller se coucher. Documentaire en deux parties (la seconde sera diffusée le 26 janvier), La Télé des années 80 raconte une décennie de nouveauté et de folle énergie. De Droit de réponse à Objectif Nul, de L’École des fans aux Enfants du rock, de Dallas (le culte du salaud) à Récré A2… Un paquet de monde (Thierry Ardisson, Philippe Gildas, Danièle Gilbert, Jacky, Antoine de Caunes, Michel Drucker, Jack Lang, Christine Ockrent…) revient au milieu de nombreux extraits sur cette période charnière de l’histoire de la télé. Ce premier volet dure à lui seul deux heures mais bon, à ce temps-là, Jacques Martin en avait six d’antenne tous les dimanches…

J.B.

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