Le Petit Prince ressuscité

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Le petit blond à la rose rouge débarquera bientôt sur les télévisions du monde entier, pour sauver de nombreuses planètes. Une folle aventure de production et d’animation.

« Cher Antoine de Saint-Exupéry, à la fin de votre Petit Prince, vous nous le demandiez instamment: « Ne me laissez pas tellement triste: écrivez-moi vite qu’il est revenu ». Eh bien, ça y est: le Petit Prince est revenu! »

Enfin, presque. Il reviendra en septembre 2011, en pleine forme, dans la plus ambitieuse série animée jamais entreprise par l’audiovisuel public français. France 3 diffusera alors 52 épisodes des nouvelles aventures du plus célèbre des blondinets. On découvrira, dès Noël prochain, un premier volet. DVD et jeux vidéo sont aussi au programme, ainsi qu’une exposition à la Cité des sciences, en octobre 2012, et, pour finir, en 2014, un film de cinéma renouant avec l’histoire originelle. Entre-temps, Gallimard publiera une centaine de titres liés au Petit Prince, de la déclinaison du dessin animé à un recueil de nouvelles où des auteurs raconteront « leur » Petit Prince.

Car ce héros atypique n’existe pas, en fait, hors de la vision de ceux qu’il rencontre. Sous la plume et le pinceau de Saint-Ex, il était déjà la perception d’un aviateur égaré dans un désert, rencontré par l’enfant de la planète Terre comme le furent, chacun sur la sienne, l’alcoolique, l’allumeur de réverbères ou le businessman, autres « adultes tristes ». Et si nous étions tous, lecteurs, des rencontres du Petit Prince, et non l’inverse?

Il a fallu de longs mois aux auteurs, Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte, adultes un peu moins tristes que la moyenne, pour s’affranchir ainsi et sortir du désert…

En 2006, au sortir des 60 ans de la première édition du Petit Prince, les héritiers de Saint-Exupéry se sont interrogés: « Messager du XXe siècle, comment ce héros pouvait-il aborder le suivant? » La réponse s’est imposée: il était temps pour le Petit Prince, afin de demeurer une icône de l’enfance, d’investir les nouveaux médias, et de passer du livre aux écrans. Olivier d’Agay, directeur de la Succession Saint-Exupéry et arrière-petit-neveu de l’écrivain-aviateur, a contacté Aton Soumache, fondateur d’Onyx Films, dont il avait apprécié la série animée Skyland. L’aventure pouvait commencer…

Revenu sur son astéroïde, B612, le Petit Prince est de nouveau confronté au serpent, qui a décidé d’éteindre une à une les planètes de la Voie lactée. Aidé par le Renard, le Petit Prince a 52 fois vingt-six minutes pour remettre chaque planète en ordre de marche sur son orbite. Il y a ainsi les planètes du Temps, des Vents, des Souvenirs, des Inventions, du Géant, de la Musique, des Wagonautes… « Celle des Ronces, où la reine a envoyé l’aîné de ses fils chercher la Terre promise, quand le cadet construit une arche pour sauver tout le monde, poursuit Pierre-Alain Chartier, réalisateur. Celle de l’Astronome, qui capture tout ce qui bouge dans le cosmos, pour remplir son planétarium, et s’intéresse fort à une petite planète où règne une rose… Celle où un bibliothécaire, illettré mais formidable conteur, affronte un éditeur de journaux qui vit dans une immense rotative… Les décors sont en plombs de typographe. »

Une odyssée dans des décors magnifiques

Pour triompher des maléfices du serpent, le Petit Prince peut compter sur le Renard, ironique compagnon, mais aussi sur un carnet magique dont il extirpe des origamis fabuleux, et sur son épée, qui crée des objets à volonté. Il y a de l’odyssée ulysséenne dans cette adaptation nomade, un peu de l’univers d’Alice et une fragrance de manga. Les auteurs se réfèrent aussi au baron de Münchhausen rêvé par Terry Gilliam et à l’imaginaire de Hayao Miyazaki.

Chaque planète visitée étant un univers inédit, la production est privée de la récurrence confortable des séries classiques. Les décors, magnifiques, sont inventés à Paris (l’univers graphique est signé Bertrand Gatignol) puis montés en détail au Luxembourg, avant que la mise en scène soit à nouveau ajustée dans la capitale et le détail de l’animation appliqué par des ordinateurs en Inde. Dès août, les deux premiers épisodes seront achevés. Italie, Espagne, Allemagne ont pré-acheté la série, tandis que Sony l’a acquise pour toute l’Asie. Il est probable que, l’an prochain, des millions d’enfants réclameront à leurs parents, pour allumer la télévision: « Dessine-moi un bouton ».

Christophe Barbier et Mathilde Enthoven

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