La Chair et le sang, Rester vivants, D6bels Music Awards… 8 choses à voir à la télé cette semaine

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Films, séries, documentaires, émissions… Voici notre sélection télé, du 20 au 26 janvier.

DEMAIN TOUS MYOPES?

Documentaire de Christophe Kilian. ***(*)

Samedi 20/1, 22h15, Arte.

La Chair et le sang, Rester vivants, D6bels Music Awards... 8 choses à voir à la télé cette semaine
© DR

C’est un phénomène aussi foudroyant qu’inattendu. Le mal du siècle selon certains ophtalmologistes. L’homme moderne voit de plus en plus mal de loin… C’est bien simple. En Asie, 80 à 90% des jeunes sont myopes. Et l’Europe aussi est sévèrement touchée. Quelles sont les causes de cette épidémie? Peut-on la combattre avant que tous les enfants en soient victimes? Comment soigner les myopies déjà déclarées? Telles sont quelques-unes des questions posées par Christophe Kilian. Au fil de son documentaire, le Français mêne l’enquête, rencontre des généticiens ( « la génétique n’expliquerait que 3% des cas, «  note-t-on du côté de Singapour) et suit des chercheurs interrogeant les facteurs environnementaux. La maladie dite de l’oeil long frappant surtout les étudiants et les intellectuels, s’était imposée l’idée qu’à force de lire des livres et d’observer de trop près, l’homme aurait attrapé du mal à voir de loin… On apprend aujourd’hui que le temps passé dehors est fondamental. Que l’exposition à la lumière du jour protège notre vision. Ça méritait bien un documentaire pour y voir plus clair.

J.B.

RESTER VIVANTS

Documentaire de Pauline Beugnies. ****

Lundi 22/1, 21h10, La Trois.

La Chair et le sang, Rester vivants, D6bels Music Awards... 8 choses à voir à la télé cette semaine

En janvier 2011, un retentissant soulèvement populaire embrase les rues égyptiennes. Hosni Moubarak est poussé vers la sortie après trente ans de dictature militaire et civile. À l’aube de cette révolution, Pauline Beugnies accompagne une poignée d’activistes afin d’étoffer son travail photographique. Soudain au coeur de la révolte, elle immortalise ce qui reste une expérience hors du commun. Si les deux années suivantes sont exaltées par une période de transition démocratique présumée, juillet 2013 est affligé par le retour de l’armée, sous la coupe du maréchal Abdel Fattah al-Sissi. Le massacre de Rabaa, à peine un mois plus tard, voit la disparition de 600 opposants en une dramatique journée. La répression s’abat à nouveau et frappe sans distinction. Contre son gré, la journaliste s’éloigne du tumulte. Malgré tout, l’irréfrénable soif de documenter ce qu’il reste de ce soubresaut libertaire ne s’est pas étanchée. De retour en Égypte aux côtés de ceux qui ont fait corps dans la foule débridée, elle dresse un parallèle entre l’optimisme pugnace d’alors et le désarroi manifeste du présent. Lentement mais sûrement, l’institution a grappillé les miettes de la désinvolture et de l’indépendance et dérobé jusqu’à l’autonomie de la rue. Alors que les opportunités de changement s’amincissent, c’est toute une génération qui subit et magnifie pourtant cet héritage lourd de sens. Ce film galvanisant, nommé aux Magritte dans la catégorie Meilleur documentaire, nous balade d’un constat à une exhortation : « Restez vivants! »

M.U.

LA CHAIR ET LE SANG

Film d’aventures de Paul Verhoeven. Avec Rutger Hauer, Jennifer Jason Leigh, Fernando Hilbeck. 1985. ****

Lundi 22/1, 22h55, Arte.

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© DR

Se souvient-on seulement des Grandes compagnies, ces bataillons de mercenaires s’engageant au service du roi, de l’empereur ou du seigneur le plus offrant, et errant entre deux guerres en vivant sur la population, pillant et semant la terreur. Ces bandes sévirent du XIIe au XVe siècle, mais c’est au basculement du XVIe que Paul Verhoeven situe son film reconstituant moeurs et pratiques des Grandes compagnies. Il nous en fait suivre une, dont les membres veulent se venger d’un seigneur félon et s’abattent sur sa famille, sur son palais, en y causant exactions et climat de pur effroi. Sur fond de peste et de guerre, le cinéaste néerlandais dresse un tableau vivant des plus saisissants, à l’impact organique puissant. Son acteur fétiche, Rutger Hauer, trouve en Martin, le chef des mercenaires, un de ses plus grands rôles, dans un spectacle plein de bruit et de fureur, à redécouvrir sur une chaîne Arte dont on sait qu’elle apprécie Verhoeven.

L.D.

MOZART IN THE JUNGLE

Série créée par Roman Coppola, Jason Schwartzman et Alex Timbers. Avec Gabriel Garcia Bernal, Lola Kirke, Saffron Burrows, Malcolm McDowell, Monica Bellucci. ***(*)

Mardi 23/1, 20h30, Be Series.

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Librement inspirée des mémoires de la hautboïste Blair Tindall, Mozart in the Jungle: Sex, Drugs, and Classical Music, la série déplace depuis trois saisons l’attention sur le personnage de Rodrigo da Souza (Gabriel Garcia Bernal) jeune chef d’orchestre prodige et adulé qui traine son spleen dans les couloirs du New York Philarmonic. Exilées notamment à Venise, ses tribulations évoquent un hommage fluvial peut-être involontaire au Caro Diario de Nanni Moretti et laissent glisser sur l’onde le raffinement érudit et désabusé qui a fait le sel de cette série trop peu connue. Évincée de leur tour d’ivoire newyorkaise par une direction qui cède aux sirènes du succès commercial et des spectacles tape-à-l’oeil, la philarmonie va devoir se décarcasser pour se réinventer, entre concerts en plein air et visites de prison, tandis que l’égo trip de Rodrigo le confronte aux visites imaginaires de ses maîtres (Mozart, etc). Le récit flamboyant de cette rédemption, entre ennui profond et moments de grâce divine, le conduira dans la cité des Doges à accompagner le destin de La Fiamma (Monica Bellucci), cantatrice sur le retour en plein dilemme orgasmique. Mais c’est bel et bien le destin de Hailey (Lola Kirke) qui réjouit le plus, pris comme un récit initiatique plein de tendresse pour celle qui troque son instrument contre une baguette de chef. Savoroso.

N.B.

LES QUATRE SOEURS

Documentaire de Claude Lanzmann. ****(*)

Mardi 23/1, 20h50, Arte.

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© DR

Film fleuve (environ dix heures dans sa version française), Shoah de Claude Lanzmann est le témoignage documentaire le plus solide, marquant et bouleversant sur l’extermination des Juifs par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Totalement dépourvu d’images d’archive, Shoah, qui reposait sur les récits face caméra de rescapés et d’assassins, avait nécessité un travail de titan. Douze années de fabrication et 200 heures, pas moins, d’entretiens… Comme Sobibor, Le Rapport Karski ou encore Le Dernier des injustes, Les quatre soeurs résulte de ces désarmantes rencontres. Les mots et les images ont plus de trente ans mais leur force reste intacte. À l’époque, Lanzmann n’avait pas voulu incorporer les histoires déchirantes de ses tragiques héroïnes dans Shoah, révolté à l’idée de défigurer « ces protagonistes d’une trempe exceptionnelle ». « Les gens qui vivent dans la misère agissent comme des animaux. C’est un instinct, «  explique Ruth Elias qui fait l’objet du premier portrait et avait 19 ans au moment de sa déportation au camp de Theresienstadt. Ruth s’y est mariée, y est devenue infirmière. « Au moins deux ou trois personnes mouraient dans mes bras chaque nuit. » Elle doit emmener les cadavres. Finit par devenir cuisinière. « Je sentais que je devais me rapprocher de la nourriture. Survivre, ce n’est possible que si on mange… » Ruth raconte être tombée enceinte. Se rappelle avoir été numérotée, s’être retrouvée nue entassée dans une salle de douches… « On a eu de la chance. À la place du zyklon, c’est de l’eau qui a coulé. » Ruth a échappé cent fois à la mort. Le médecin SS Josef Mengele lui a fait bander les seins pour lui interdire de nourrir son enfant et découvrir combien de temps un bébé peut vivre sans nourriture…. Les questions sont simples. Courtes. Lanzmann est discret et le plan rapproché. Le dispositif peut sembler austère, on ne décroche pas une minute devant ces poignants monologues. La Puce joyeuse, le deuxième volet diffusé ce soir (les deux autres sont prévus pour le 30 janvier), relate l’histoire d’Ada Lichtman. Son père a été abattu, avec une trentaine d’autres hommes, dans les bois près de Cracovie. Les filles et les épouses sont parties enterrer les corps avec une charrette et un cheval. Ada, qui habillait des poupées d’enfants juifs pour les gosses de soldats allemands dans un camp de la mort, est l’une des 50 personnes qui ont survécu à Sobibor… On en a vu ces dernières années des documentaires, parfois très bien foutus d’ailleurs, sur la Seconde Guerre mondiale mais aucun n’a la force des ces films. De ces quatre longs et vibrants témoignages. Au plus proche des victimes pour véhiculer toute la monstruosité et la barbarie de leurs bourreaux.

Julien Broquet

LA RUÉE VERS L’HERBE

Documentaire de Gilles Biassette et Frédéric Biamonti. ***(*)

Mercredi 24/1, 20h50, France 5.

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© DR

Depuis qu’en 2014 l’herbe y est en vente libre, le Colorado est devenu la labo américain du cannabis légal. La Silicon Valley de la weed… À Denver, le boom a été immédiat. Cent boutiques ont ouvert en ville. On y trouve même aujourd’hui des stations-service où on peut faire à la fois le plein en carburant et en beuh. Le canabusiness, comme on l’appelle, a créé 23 500 emplois… 120 millions de recette fiscale par an dans la poche de l’État, affectés à la réfection d’écoles et à l’éducation des jeunes aux méfaits de la drogue. Le tout sans hausse significative de la délinquance ou autres dommages collatéraux. De la Californie, son temple historique, à New York et son salon mondial, en passant par le Dakota du nord et le Massachussetts, Gilles Biassette et Frédéric Biamonti font le tour des États-Unis à hauteur de plant de cannabis, 50 nuances de vert… Pour la ganja aux USA, il y autant de situations différentes que d’États. Mais avec l’avènement du cannabis médical et ses vertus contre la dépression, l’arthrose, l’anorexie, la sclérose en plaques et certaines formes de cancer, même les conservateurs succombent à ses charmes. Les meilleurs ambassadeurs de l’herbe folle sont aujourd’hui des personnes âgées et des enfants malades. On rencontre une nouvelle génération d’agriculteurs et d’entrepreneurs, on visite des enseignes entre drugstore chic et pharmacie spécialisée… Un éclairage sérieux et documenté sur un boom économique comme il n’y en a qu’un toutes les décennies. On n’avait plus vu pareil enthousiasme depuis l’explosion d’Internet…

J.B.

MARONI, LES FANTÔMES DU FLEUVE

Minisérie créée par Aurélien Molas. Avec Stéphane Caillard, Adama Niane, Issaka Sawadogo, Jérémie Laheurte, Alex Descas. ***

Jeudi 25/1, 20h55, Arte.

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© David Bersanetti

Dans une Guyane hostile et moite, la jeune inspectrice de gendarmerie Chloé Bresson (Stéphane Caillard, intense) pose à peine le pied dans sa nouvelle affectation qu’elle est lancée sur la piste d’un crime rituel et sanglant. Les victimes sont un couple de métropolitains retrouvés sauvagement assassinés sur leur bateau qui dérive au gré de la rivière Maroni. Elle va devoir exorciser ses inévitables démons (par le sexe furtif et l’orgie de boulot), faire équipe avec l’inspecteur Dialo et son supérieur Koda (Issaka Sawadogo, déjà présent dans le série Guyane de Canal+) qui doutent fortement de ses capacités à assumer le job et comprendre la complexité du pays. Malgré une réalisation réussie, entre ambiance Michael Mann et montages photo rythmés, les relations ambiguës entre les co-équipiers, surjouées, et les clichés de genre habituels (anti-héros incompris et pensifs, ancien colonisés en sauvages empapaoutés) plombent ce thriller charnel pourtant pas trop mal ficelé.

N.B.

D6BELS MUSIC AWARDS

Cérémonie présentée par Joëlle Scoriels.

Vendredi 26/1, 20h30, La Deux.

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© DR

Clap troisième. C’est reparti pour un tour de D6Bels Music Awards. Et c’est rien de dire qu’on s’était ennuyé ferme en regardant les deux premières éditions. Un peu comme on ronge son frein devant les Victoires de la musique et autres cérémonies de congratulations. Pas que du bon et peu de surprises cette année dans les présélections. Si ce n’est l’apparition de nouvelles catégories. Cette fois par genres musicaux. Le paysage musical wallon est tellement petit si on ne s’aventure pas sur ses chemins de traverse qu’on s’interroge fameusement sur l’intérêt de pareil événement. Déjà récompensés l’an dernier, Loic Nottet, Puggy et Henri PFR seront à nouveau de la fête (on frôle l’overdose). Mais la soirée sera sans doute avant tout une vitrine télé en prime time pour le rap tant plébiscité de Caballero & JeanJass, Roméo Elvis et autre Damso. Dix prix remis par le public, cinq par le secteur. Melanie De Biasio (album, clip et/ou artiste solo féminine de l’année) ne peut décemment s’en retourner les mains vides…

J.B.

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