L’occupation intime

L’occupation intime parle de collaboration, mais aussi de résistance, d’hérïsme et de petits arrangements tant avec sa conscience qu’avec l’ennemi. Pour raconter la grande Histoire, Daniel Costelle et Isabelle Clarke ont choisi d’en évoquer de petites.

Cette programmation ne pouvait mieux tomber, alors que le Vlaams Belang vient de déposer un texte visant à nier les faits de collaboration durant la Seconde Guerre mondiale, et que le ministre de la Justice Stefaan De Clerck appelle à en débattre, histoire de « situer le passé à sa juste place et de l’appréhender de manière raisonnable ».

De collaboration il est question dans ce documentaire exceptionnel signé par les maîtres du genre (Apocalypse, le phénomène de l’été dernier, c’était déjà eux), collaboration sous l’angle français, le belge sera lui abordé lors de l’émission spéciale qui suivra, présentée par Nathalie Maleux et préparée par Hervé de Ghellinck.

L’Occupation intime parle également de résistance, d’héroïsme et de petits arrangements tant avec sa conscience qu’avec l’ennemi. Pour raconter la grande Histoire, Daniel Costelle et Isabelle Clarke ont choisi d’évoquer de petites histoires. Celle de Francine, qui a eu un enfant avec un soldat allemand, et qui témoigne à visage masqué. Celle de Gisèle Guillemot, résistante et déportée. Celle de Benoîte Groult, relatant l’occupation à hauteur d’enfant. Celle, heureuse, d’Yvette Lebon, star du cinéma des années 30… Toujours des femmes. Des récits empreints parfois d’une certaine légèreté: la guerre, pour douloureuse qu’elle était, emmenait dans son sillage un sentiment d’urgence à vivre, à rêver.

Cousu d’images de propagande, d' »actualités » et de films amateurs, ce film mosaïque s’appuie sur une narration particulièrement originale: c’est Alain Delon qui dit le commentaire, et sa fille Anouchka qui porte les confessions des témoins. Lesquelles entament leur récit au présent, dans leur environnement contemporain, pour rapidement s’effacer et laisser Anouchka poursuivre, en « je », et ancrer dans une bande vidéo colorisée pour l’occasion la narration de cette trouble période. Une réussite totale qui donne un souffle nouveau à un morceau de patrimoine colossal. Immanquable.

L’occupation intime, 20.20 sur La Une.

Documentaire de Daniel Costelle et Isabelle Clarke.

Myriam Leroy

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