L’homme qui a tiré sur le plateau du Grand Journal condamné à 18 mois ferme

L’homme qui a tiré à blanc sur le plateau du Grand Journal pendant le festival de Cannes a été condamné à 18 mois de prison ferme. Il s’est défendu en assurant vouloir faire passer « un message », qui se veut mi-politique, mi-ésotérique.

Le tribunal n’a pas fait de différence entre des balles réelles et des balles à blanc. L’homme qui a tiré sur le plateau du Grand Journal pendant le festival de Cannes a été condamné à 18 mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Grasse.

Le tribunal est allé au-delà des réquisitions du ministère public qui avait demandé 18 mois d’emprisonnement dont un an ferme, pour cet homme désocialisé, vivant dans l’arrière-pays cannois, qui, selon la procureure, « s’est servi de la terreur pour faire parler de lui ». « Nous n’avons pas affaire à un gentil illuminé, il a utilisé la terreur et la violence pour imposer ses idées politiques, ce qui est la définition même d’un acte de terrorisme », a argué la procureure Gwenaëlle Ledoigt. En outre, « il pensait à son geste depuis plusieurs mois » et l’a minutieusement « préparé », a-t-elle souligné. « S’il n’y a pas eu de blessés, c’est seulement une question de chance ».

« Un cri d’alarme, de colère »

Chemise parme, cheveux ras et barbichette, Stéphane Croce s’est défendu en parlant de « cri d’alarme, de colère » qui aurait motivé son geste. A la question du président Marc Joando « Qu’attendiez-vous ce jour-là? », l’accusé répond tranquillement: « La parole. Je voulais choquer ».

Le président l’autorise exceptionnellement à lire quelques lignes d’un texte de quatre pages préparé en détention provisoire. Comme lors de sa comparution immédiate le 21 mai, Stéphane Croce dit avoir voulu « faire passer un message » qui se veut mi-politique, mi-ésotérique, mais qui reste surtout nébuleux. Citant Nietzsche et Spinoza sans visiblement les avoir lus, l’homme fustige pêle-mêle des « politiciens (qui) nous mentent », la « mafia en col blanc », la « justice à trois vitesses » et les « manipulations » d’une « oligarchie » mais aussi « de Monsanto, de l’OMS, des ONG… ».

L’homme au physique sec et au teint buriné parle aussi de « visions » qu’il aurait eues: soucoupe volante, lumière « qui entre en lui entre (ses) deux yeux », anges, spectres… Des « révélations » qu’il voulait « partager » avec « le public ». « Des fois, pour se faire entendre, il faut savoir taper du poing sur la table. Pour avoir le pouvoir il faut le prendre », dit-il encore, joignant le geste à la parole de manière tout à fait théâtrale.

La seule personne à qui il voulait faire du mal, c’était à lui-même

Ce n’est cependant pas la thèse retenue par Me Rose-Marie Rostagno-Berthier, avocate de la chaîne Canal+ et de la société KM productrice de l’émission, qui se sont portées parties civiles. Pour elle, Stéphane Croce avait surtout « très envie de passer en direct à la télévision » devant « 1,2 million » de téléspectateurs. Pour avoir provoqué l’interruption de l’émission pendant 30 mn et l’atteinte à l’image de marque de la chaîne, elle a réclamé 30.000 euros de dommages et intérêts pour chacune de ses deux clientes. Elle n’a obtenu que l’euro symbolique.

Le 17 mai, peu après 20H00, cet homme, au casier judiciaire jusque-là vierge, vivant du RSA et de menus travaux dans un chalet qui lui était prêté près de Gréolières, avait surgi près du plateau de télévision en plein air, tiré deux coups à blanc avec un pistolet d’alarme et dégoupillé une grenade factice.Une expertise psychiatrique effectuée pendant sa garde à vue a montré que l’homme était « responsable de ses actes », mais qu’il présentait une « personnalité borderline ». Son avocate, Me Catherine Dupain, persuadée que son client est avant tout l’auteur « dépressif » d’un « geste désespéré », a jugé pour sa part que « le tribunal était passé à côté de l’essentiel » en n’exigeant pas d’obligation de soin. « La seule personne à qui il voulait faire du mal, c’était à lui-même », a-t-elle plaidé.

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