Critique

Inglorious Basterds

On l’attendait au tournant. Et Quentin Tarantino, s’il en a laissé quelques-uns sur le bord de la route, s’en sort plutôt brillamment: son film de guerre, au bord du pastiche, est une réussite.

INGLORIOUS BASTERDS, FILM DE GUERRE DE QUENTIN TARANTINO. AVEC BRAD PITT, CHRISTOPHER WALTZ, MÉLANIE LAURENT. ****

Ce lundi 12 décembre à 20h20 sur La Une.

Pouvait-on attendre du cinéaste iconoclaste de Pulp Fiction et de Reservoir Dogs qu’il aborde le sujet de la Seconde Guerre mondiale avec un respect compassé, une prudence narrative et morale en rupture avec son ordinaire aussi drolatique que féroce? Certains l’ont cru, et se sont dits choqués par un Inglourious Basterds prenant avec l’Histoire des libertés de fait et de ton extrêmes. Avaient-ils pensé (espéré) que le bouillant Quentin Tarantino briderait, pour la cause, son imagination sauvage? Le cinéaste américain n’en a rien fait, bien sûr! Et relevant brillamment tout à la fois le défi du genre (le film de guerre) et de son contexte (le combat contre le nazisme), il nous offre un film irréductible comme il les aime… et nous avec lui! Entre comédie et violence, souffle libertaire et cinéphilie passionnée, Tarantino ose y rire du nazisme et de son antisémitisme ignoble. Mais son rire est libérateur, et ne choquera que ceux qui ne goûtent pas l’humour d’un Lubitsch défiant autrefois les mêmes tabous… en pleine Seconde Guerre mondiale avec son génial To Be Or Not To Be de 1942. Mais les références premières de l’ami Quentin sont ici à chercher plutôt du côté de Sergio Leone (avec une séquence de traque aux Juifs dans une ferme qui entrera dans l’histoire du cinéma), et de Robert Aldrich, le réalisateur des Douze salopards, dont certaines scènes d’Inglourious Basterds affichent clairement l’influence. On découvre un Brad Pitt haut en couleur, emmenant un commando de soldats américains d’origine juive à l’assaut des Nazis, une Diane Kruger excellente en star de cinéma doublée d’une redoutable espionne. Et un Christopher Waltz extraordinaire dans une composition d’officier SS qui lui a valu le Prix d’Interprétation au Festival de Cannes. Une performance géniale, dans un film d’une folle énergie et d’une fantaisie de chaque instant ou presque. Avec, comme il se doit chez Tarantino, de brillants échanges verbaux, des poussées de brutalité extrêmes, un humour constamment décalé, sans oublier une maîtrise formelle déjà excitante en soi. A voir, revoir, et savourer intensément!

Louis Danvers

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