Grand Journal de Canal +: Antoine de Caunes peut-il encore surprendre?

Antoine de Caunes © REUTERS
FocusVif.be Rédaction en ligne

Cette fois, Antoine de Caunes se jette à l’eau. Il présentera ce soir, à partir de 19h10 le tout premier numéro de son Grand Journal, sur Canal +. Pour le meilleur ou pour le pire?

Antoine de Caunes va-t-il réussir le pari fou de relancer, voire de transcender Le Grand Journal de Canal +? C’est la question qui brûle les lèvres. Celles des téléspectateurs, habitués ou non de l’émission, que la curiosité poussera à assister au grand oral du trublion ce soir. Celles du petit monde des médias, qui se frottent les mains à l’idée d’assister à un sacrement ou bien à une plantade en règle dont ils se gargariseraient. Et cette question brûle aussi les lèvres du premier concerné: Antoine de Caunes, qui après avoir claqué doucement la porte de la télévision il y a 18 ans pour se consacrer au cinéma, y revient avec le goût amer d’une expérience en demi-teinte dans le septième art.

Le challenge est de taille: supplanter ses prestations dans Nulle Part Ailleurs. Adieu Robert des chipandales, Gérard Languedepute ou Didier l’embrouille, qui sont encore dans toutes les mémoires ou presque. Place à De Caunes sans son acolyte José Garcia, et avec quelques rides de plus. Mais toujours doté d’une énergie débordante et d’une envie contagieuse. Qui n’a pas envie de croire à sa promesse d’un « show à l’américaine déjanté? » Ses concurrents de C à vous, peut-être. À moins que ce ne soient les téléspectateurs les plus sceptiques. Difficile d’apporter une réponse avant d’en avoir fait l’expérience. Mais à quelques heures de la première du Grand Journal version De Caunes, on est capable de faire un état des lieux des forces en présence.

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Les points forts

La proximité. Sur le papier, Antoine de Caunes plaide pour un Grand Journal plus fou, mais aussi plus chaleureux et accessible. De quoi bouter hors de la parfaite panoplie du bobo parisien l’émission de Canal? Peut-être pas. Mais en tout cas, l’animateur a « envie que les gens retrouvent le sentiment qu’on parle de choses qui les concernent, eux, et pas uniquement les notables de la politique ». Une intention louable, mais Jean-Michel Aphatie et Jeannette Bougrab -secrétaire d’état sous Nicolas Sarkozy- sont-ils vraiment les compagnons de route les plus à même de mener à bien cette mission?

Il y aura également plus de proximité avec les invités de l’émission, moins nombreux et auxquels la seconde partie sera entièrement consacrée. Le nombre de chroniqueurs a également été revu à la baisse, pour éviter de tomber dans le tout et n’importe quoi à ne plus savoir qui fait quoi. Merci d’avance.

La convivialité. Dans la même logique, De Caunes souhaite que le téléspectateur se sente chez lui, ou à la bonne table d’un ami où les débats enflammés peuvent céder la place à des blagues bon enfant sans fioritures. Pour ce faire, il promet de faire la part belle à l’improvisation, mais aussi de chasser « l’ironie froide » qui faisait office de rituel de passage pour chaque invité de l’émission. L’animateur promet plus de « chaleur ». Fini l’immense table du plateau, retour à la petite table triangulaire où chroniqueurs et invités sont plus proches les uns des autres. Le public présent à chaque enregistrement sera lui aussi inviter à se rapprocher de la table pour devenir partie prenante du show.

Le stand-up. Objectif? Gommer le côté institutionnel du Grand Journal de Denisot. S’inspirer des late-shows américains où des sketchs délirants sont écrits en amont et joués à merveille par l’animateur-acteur, souvent hilarant. En toute logique, Antoine de Caunes s’est entouré d’une dizaine d’auteurs pour écrire la deuxième partie du Grand Journal, axée essentiellement sur le divertissement. Il sera alors épaulé par Arié Elmaleh, le frère de Gad.

Les points faibles

Le choix des chroniqueurs politiques. Comment prétendre faire table rase, ou presque, du passé, et continuer à offrir la chronique politique à Jean-Michel Apathie, qui y officie depuis septembre 2006? Concernant Jeannette Bougrab, Antoine de Caunes peut se targuer d’un choix surprenant. Relativement discrète pendant son mandat ministériel sous la présidence Sarkozy, on se demande bien ce qu’elle vient faire dans l’émission, et surtout si elle arrivera à être crédible en tant que chroniqueuse, non pas en tant que militante UMP.

Le recyclage. Nagui et Arthur ont un point commun: ils ont tous les deux adapté les talk-shows américains en France. Le premier a plutôt réussi son coup avec N’oubliez pas les paroles, bien que les audiences soient en chute après six années de triomphe sur France 2. Le second connait un succès plus mitigé avec Ce soir avec Athur, diffusé sur la chaine Comédie! depuis 2010, et sur TF1 depuis le 24 mai 2013. En réactions aux promesses d’Antoine de Caunes pour son Grand Journal, de nombreux internautes clamaient ne pas vouloir du réchauffé, du copié de ce qui se fait outre-Atlantique. Ils attendent du neuf, du jamais vu. Reste au nouveau pilier du Grand Journal d’être assez malin pour trouver la bonne recette pour plaire à un public français un tantinet plus difficile à dérider…

La marge de manoeuvre. Jusqu’où pourra aller Antoine de Caunes, sachant que l’irrévérence ne fait plus vraiment la marque de fabrique de Canal +? N’oublions pas que l’équipe de production reste la même, et que l’émission est enregistrée, et donc coupée au montage. L’animateur promet un show « déjanté », promotion oblige, mais jusqu’à quel point ses dérapages seront-ils contrôlés? « Je veux qu’on s’amuse, que ça déborde, que ça ripe un peu », déclare-t-il encore. Un peu, seulement?

Verdict ce soir, à partir de 19h10 sur Be 1 (en clair).

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Cécile Jandau

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