Déchaînées

Quel plaisir de retrouver Irène Jacob dans Déchaînées, un téléfilm suisse d’excellente facture. L’ancienne égérie de Krzysztof Kieslowski se fait en effet bien discrète ces derniers temps, après une carrière emmenée à l’internationale avec des apparitions dans US Marshals, Spy Games, ou dans le cinéma d’auteur des Wenders, Antonioni, Angelopoulos ou Auster.

DE RAYMOND VOUILLAMOZ. AVEC ADELE HAENEL, PAOLINA BIGUINE, IRENE JACOB.

Ce vendredi 28 mai à 20.35 ARTE.

Drôle de parcours que celui d’Irène Jacob, qui mit récemment son immense beauté mâtinée d’un talent acéré au service de l’excellentissime Les Beaux Gosses de Riad Sattouf, dans lequel elle campait brièvement une maman d’ado fantasmée par les 2 boutonneux géniaux du scénario.

Elle remet le couvert ici, dans un rôle assurément moins décharné. Le film de Raymond Vouillamoz nous entraîne sur les traces de Lucie, 19 ans, stagiaire dans une télévision suisse. Chargée des archives, elle tombe par accident sur de vieilles images de manifestations dans lesquelles, stupeur, elle a l’impression de croiser son double. De fil en aiguille, Lucie se rendra compte que la Geneviève des images, féministe activiste, est bel et bien un membre de sa famille, plus proche d’elle qu’elle ne le croit.

BON VIEUX TEMPS

Avec un charisme franchement bluffant, la jeune Adèle Haenel interprète cette post-ado enceinte, confrontée aux idéaux de Mai 68 et combats pro-avortement qui s’en suivirent. Elle donne corps, avec une Irène Jacob parfaite en mère absente et des seconds rôles un peu caricaturaux -la petite soeur de Lucie et son langage de charretier poussé au grotesque, par exemple-, à ce joli téléfilm aux relents libertaires, dans lequel Raymond Vouillamoz s’amuse manifestement à ressortir les archives pour se souvenir du bon vieux temps. Primée dans divers festivals, Déchaînées charrie en effet des thèmes universels comme la liberté ou la maternité, laissant au téléspectateur le choix des armes pour alimenter sa boîte à réflexion. De la belle ouvrage pour un vendredi soir.

Guy Verstraeten

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