Critique

Dans la tête d’Al Qaïda

Paul Jenkins nous emmène sur les traces d’un repenti du terrorisme, Abou Jandal, ex-compagnon de route d’Oussama Ben Laden.

Il en est des jihadistes repentis comme des mafiosi: fascinants, et méprisés, parce que traîtres à ce qu’ils ont adoré. Fascinants, parce que leurs anecdotes sont à Jean-Claude Brialy ce que les romans de Philip Roth sont à ceux de Frédéric Beigbeder. Paul Jenkins, aidé par Georges Malbrunot (otage en Irak pendant plusieurs mois, il avait déjà recueilli les confessions de ce témoin), s’est attaqué à l’histoire d’Abou Jandal. Grâce à son témoignage, les autorités américaines (et nous, pour le coup) ont pu remonter la piste des pirates de l’air qui, le 11 septembre 2001, marquèrent le véritable début du siècle. Arrêté au Yemen en 2000, l’homme a identifié Mohammed Atta et ses complices, de même que tous les cerveaux de l’opération. Pendant plusieurs années en effet, Jandal, islamiste convaincu, a eu l’honneur (et là, on s’exprime de son point de vue) d’être nommé chef de la sécurité de l’homme le plus recherché du monde. Oussama Ben Laden, Jandal le considérait comme un oncle, comme un père. Avant d’être lâché par lui. Ce documentaire édifiant nous plonge autant dans l’esprit d’un homme que dans les rouages d’une machine terroriste si bien huilée qu’elle fit vaciller l’état le plus costaud du monde. Images d’archives et témoignages directs (notamment d’un agent du FBI au visage masqué) se succèdent dans un film qui, forcément, nous donne à réflechir. Cette reconstitution de toute première main, livrée par un homme encore dévouée de coeur à la cause, nous ouvre les yeux sur un engagement aussi sincère que destructeur. Parlant.

Guy Verstraeten

DANS LA TÊTE D’AL QAÏDA, DOCUMENTAIRE DE PAUL JENKINS ET GEORGES MALBRUNOT. ****

Ce vendredi 9 septembre à 21h05 sur La Trois.

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