Carmel, poème cinématographique

© Dan Bronfeld

Comment représenter la mémoire? L’histoire? La guerre? Pour tenter d’approcher au plus près ces questions, Carmel explore plusieurs genres cinématographiques.

Amos Gitaï décrit lui-même ce film (inédit en Belgique) comme un « poème cinématographique ». Carmel s’ouvre sur une image du cinéaste marchant sur une plage au soleil couchant, accompagné d’un texte en voix « off » dit par Jeanne Moreau. Suit une reconstitution d’une bataille livrée par la résistance juive aux forces romaines, telle que la raconta l’historien Flavius Josèphe, en 70 après JC. Une scène jouée par des interprètes israéliens et palestiniens… Le conflit israélo-palestinien sera au coeur d’un film qui évoque la guerre tout en respirant l’idéal d’une paix toujours reportée.

Rien d’étonnant pour ceux et celles qui connaissent l’oeuvre d’Amos Gitaï. Agé de 59 ans (il en aura 60 le 11 octobre), le natif de Haïfa tourne depuis le tout début des années 80. Il se destinait à l’architecture, métier de son père, mais la guerre du Kippour interrompit ses études. Au cours de ses missions en hélicoptère, il utilisa une caméra 8mm et fut pris d’intérêt pour le cinéma. L’expérience du combat et de ses enjeux allait marquer son travail de réalisateur, ancré d’abord dans le documentaire puis s’enrichissant de fictions aux résonances sociales et politiques toujours fortes.

Carmel est un des films les plus singuliers de Gitaï, tant par la forme que par le contenu. Il répond au désir de liberté créatrice d’un artiste qui a souvent secoué son public, comme avec son Journal de campagne de 1982, qui causa une grosse polémique et incita le cinéaste à quitter le pays pour la France. Amos Gitaï ne rentra en Israël qu’après l’élection d’Ytzhak Rabin et la signature des accords d’Oslo au début des années 90. Il est resté, depuis, parmi les « consciences morales » d’une société israélienne dont il ne s’est jamais privé d’épingler les contradictions.

Carmel, 22.25 sur Arte.

Poème cinématograpgique d’Amos Gitaï, avec Amitai Ashkenazi, Keren Mor, Amos Lavie. 2009.

Louis Danvers

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content