Arabe et fier de l’être

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A travers une émission de téléréalité ressemblant pas mal à la Star Academy mais mettant en valeur les talents d’inventaires de technologies de ses candidats plutôt que leurs talents d’artistes chanteurs, ce documentaire met en lumière l’univers en mutation du monde arabe, tiraillé entre tradition et modernité.

On le connaît mal, on le fantasme ou on le craint: le monde arabe est un immense point d’interrogation sur la carte du monde. Au moment où une onde de choc libertaire se propage dans cette portion du globe, Arte programme opportunément un Thema consacré à « ce monde arabe qui bouge ». Avec, pour l’observer par le petit bout de la lorgnette, le choix d’un documentaire étonnant sur un phénomène panarabe, l’émission de téléréalité Stars of science. Une sorte de Star Academy des nouvelles technologies, diffusée dans 13 pays arabes, et qui brasse des candidats d’origines diverses.

Arabe et fier de l’être met ainsi en lumière le parcours de quatre candidats, quatre étudiants âgés entre 22 et 26 ans, venant du Liban, du Koweït, d’Arabie Saoudite et d’Egypte. Particularité: ils sont tous inventeurs. De lunettes de piscine qui mesurent le rythme cardiaque, d’un déambulateur à moteur, d’un bras articulé en deux dimensions, et d’un appareil de test en laboratoire automatisé multifonction. Comme pour un télécrochet classique, l’émission -dont la finale s’est déroulée fin 2010- a débuté par un casting mené sous l’oeil impitoyable d’un jury d’ingénieurs, jamais avare d’un bon mot. Et s’est poursuivie sous l’oeil des caméras, dans un immense loft aménagé pour l’occasion.

Sauf qu’ici, pas de caméras dans les chambres ou sous la douche et pas d’étreintes entre candidats filles et garçons. Il a beau être cornaqué par des femmes et prétendre à une certaine avant-garde dans l’univers dans lequel il s’inscrit, le programme doit pouvoir passer le cap de la censure de pays parmi les plus conservateurs au monde: lors de la répétition des « prime », une sorte de « directeur artistique » traque la moindre connotation sexuelle dans les mouvements des danseuses (« comme faire le grand écart avec des vêtements qui puissent attiser des pensées sexuelles ») et s’empresse de rectifier le tir.

Arabe et fier de l’être décortique le show qatari et brosse à travers lui le portrait d’un monde sur lequel circulent bien des clichés. Un univers en mutation, tiraillé entre traditions et ultramodernité où l’on porte certes la djellaba, mais avec une pochette intégrée pour iPhone. Etonnant.

Arabe et fier de l’être, 22.40 sur Arte.

Documentaire de Lila Salmi.

Myriam Leroy

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