Critique

À la télé ce vendredi soir: It’s more than TV: les nouvelles séries made in USA

Bryan Cranston (Walter White) et Aaron Paul (Jesse Pinkman) © Frank Ockenfels/AMC
Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Faut pas nous prendre par les sentiments… Un documentaire qui parle d’Oz, de Breaking Bad, de Treme et de l’incontournable The Wire ne peut pas être foncièrement mauvais.

N’allons pas jusqu’à dire qu’il est inoubliable, cela étant: l’Allemand Christoph Dreher choisit d’appuyer son propos -à savoir qu’il existe une différence abyssale entre les séries traditionnelles et quelques grandes séries contemporaines- en compilant quatre grands exemples liés sans beaucoup de cohérence. On parle ainsi d’univers carcéral avec Tom Fontana, le créateur de la pionnière Oz, souvent considérée comme le fer de lance de cette nouvelle vague de fictions télés ambitieuses. Les showrunners David Simon et Eric Overmyer, biberonnés à l’école Fontana, sont quant à eux interrogés en pleine préparation de Treme, évocation musicale et désabusée d’une Nouvelle-Orléans en reconstruction. C’est à ce même David Simon que l’on doit The Wire, série majeure à tous points de vue, sur laquelle il revient de passionnante manière. Enfin, on retrouve notamment la tête pensante de la phénoménale Breaking Bad, Vince Gilligan, qui nous emmène dans une séance d’écriture.

S’il se perd parfois dans des digressions moins intéressantes, Christoph Dreher parvient à glaner auprès de ses interlocuteurs une sorte de puzzle censé nous expliquer ce qui a changé avec Oz et les séries susmentionnées. « Le patron d’HBO m’a dit que les personnages de ma série devaient être intéressants, pas forcément attachants », confie ainsi Tom Fontana. La chaîne payante a joué un grand rôle dans cette mutation: jusque-là formatées pour des grilles aseptisées et tyrannisées par les annonceurs, les séries ont doucement commencé à développer de véritables ambitions artistiques, au point de devenir LA forme narrative essentielle des années 2000-2010. Breaking Bad (dont la 5e saison démarre ce même vendredi, à 22 h 20, toujours sur Arte) a d’ailleurs montré qu’un personnage pouvait évoluer dans un sens négatif sans que le public ne se détourne de la série, bien au contraire. Il ressort donc de ce documentaire une étude un peu brouillonne parfois, mais très intéressante, sur un monde assez fascinant.

  • DOCUMENTAIRE DE CHRISTOPH DREHER.
  • Ce vendredi 6 décembre à 23h50 sur Arte.

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