Critique

[À la télé ce soir] Shakespeare mis à nu

Le balcon de la maison de Juliette à Vérone, où se situe la tragédie de Roméo et Juliette de William Shakespeare, parue en 1597. © Florianfilm
Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Quatre siècles. Cela fait quatre siècles que William Shakespeare nous a quittés, laissant dans ce bas monde l’une des plus prolifiques et des plus étourdissantes oeuvres théâtrales de l’Histoire.

Une oeuvre qu’Arte va naturellement célébrer à sa manière, diffusant du 24 au 28 avril une ribambelle de documentaires, magazines, fictions, pièces de théâtre et autres films, Beaucoup de bruit pour rien et Othello en tête (le programme complet est disponible sur le site de la chaîne) liés à l’oeuvre du dramaturge. Inutile de dire, en effet, que la matière ne manque pas: les pièces de Shakespeare ont inspiré des générations entières de créateurs, dans toutes les couches de l’art, tout en étant mises à contribution dans la jurisprudence du droit américain. Autant dire que ce legs, immense, ne fait absolument aucun doute, ce qui n’est en revanche pas le cas de la personnalité même du dramaturge! Depuis deux siècles, d’énormes questions se posent quant à la paternité de son oeuvre. Les traces littéraires de sa vie littéraire, et c’est ce que l’on découvre dans le documentaire Shakespeare mis à nu, sont inexistantes. On ne garde de lui que des documents mineurs, administratifs, mais aucun carnet intime, aucune correspondance, bref, rien qui puisse attester de sa productivité artistique. Pour bien des courants d’historiens, Shakespeare ne serait ainsi pas l’auteur des oeuvres qu’on lui prête. Mais alors, qui se cache derrière ces pièces de théâtre, plus érudites, plus fouillées, plus denses que n’importe quels autres écrits de l’époque? Francis Bacon? Christopher Marlowe? Le mystère reste entier. Et le film de Claus Bredenbrock, sur un faux rythme entrecoupé de digressions (quid des modes de transport dans l’Italie du XVIe siècle, actrice majeure dans l’oeuvre du maître?), d’extraits de pièces et d’éclairages de spécialistes (notamment l’excellent comédien Mark Rylance), tente de nous en donner quelques clés. C’est le même type de questions que se posera un autre documentaire, Shakespeare est-il mort, qui sera diffusé mercredi à 22 h 40. On y verra que Mark Twain en personne s’est érigé en figure du doute: auteur du petit ouvrage éponyme, le célèbre écrivain américain était persuadé que Shakespeare n’avait pas écrit Shakespeare. Assurément l’une des énigmes les plus passionnantes de l’histoire de la littérature…

DOCUMENTAIRE DE CLAUS BREDENBROCK.

Ce dimanche 24 avril à 22h50 sur Arte.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content