Critique

À la télé ce soir: Mr Dynamite, The Rise of James Brown

James Brown, 6 juillet 19659, Newport Jazz Festival. © DR/Tom Copi/Michael Ochs Archives/Getty Images
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Arte programme un intéressant documentaire consacré au parrain de la soul, pionnier du funk et bosseur le plus acharné du show-business: cette irrésistible Sex Machine de James Brown…

Alors que Be TV diffuse pour l’instant le décevant Get On Up, biopic de Tate Taylor (La Couleur des sentiments) débarqué chez nous sur la chaîne cryptée sans même passer par les salles de cinéma, Arte programme un bien plus intéressant documentaire consacré au parrain de la soul, pionnier du funk et bosseur le plus acharné du show-business: cette irrésistible Sex Machine de James Brown…

Depuis le gamin d’Augusta abandonné par ses parents qui racolait des clients pour les prostituées et jouait des claquettes devant des soldats pour quelques pièces de monnaie jusqu’à l’influence de sa musique sur le hip-hop, Mr. Dynamite brosse sans trop s’appesantir sur les périodes les moins intéressantes artistiquement de sa carrière un portrait fouillé, circonstancié, passionnant et virevoltant de la plus grande bête de scène que la soul et même plus généralement la musique ait jamais connue.

Guidé par des images d’archives, parfois inédites toujours fascinantes, qui donnent souvent l’irrésistible envie de se lever et de danser avec lui dans son salon, The Rise of James Brown évoque ses héros Louis Jordan, Duke Ellington ou encore Little Richard pour qui il se fait passer afin de le remplacer lors d’une tournée (« il n’y avait pas de télé à l’époque, on ne savait pas à quoi il ressemblait »). Il raconte surtout un destin douloureusement et magnifiquement hors du commun pimenté par de vieux commentaires de Brown lui-même et une flopée d’interviews de ses musiciens, proches et héritiers…

Mick Jagger (à la fois producteur de Get on Up et de Mr. Dynamite), Melvin (qui explique lui avoir un beau jour foutu un flingue sous le nez), Maceo Parker, son chef d’orchestre, l’homme qui venait lui mettre sa cape sur les épaules, Bootsy Collins, Chuck D (Public Enemy) ou encore Questlove (The Roots) parlent des James Brown Revues, des six représentations de deux heures par jour, de la ségrégation, de son importance dans la lutte pour les droits civiques et de l’incroyable T.A.M.I. Show où il mit un jour la raclée aux artistes en vogue (Stones et Beach Boys en tête)… Le documentaire dépeint également un perfectionniste tyrannique agrippé à son argent qui flanquait des amendes pour un rien à ses musiciens. Un homme seul et sans ami qui a grandi avec le sentiment qu’on ne pouvait compter sur personne. Ce type hypnotisé par le fric et le pouvoir qui battait les femmes et soutenait Nixon. Habité par le même esprit en politique que dans sa musique. Immanquable.

DOCUMENTAIRE D’ALEX GIBNEY.

Ce samedi 12 septembre à 22h25 sur Arte.

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