Critique

[À la télé ce soir] Les mondes de Philip K. Dick

Philip K. Dick © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Désastres écologiques, intelligences artificielles, technologies asservissantes, sociétés sous surveillance… Philip K. Dick avait tout anticipé. Beaucoup de choses du moins.

Nourri de science, de philosophie et de religion, l’auteur américain, qui ne quittait pratiquement jamais sa maison de banlieue californienne, a effacé la frontière entre le réel et l’imaginaire. Le présent et le futur. Mais qui était ce génie prolifique et visionnaire dopé aux amphétamines décédé le 2 mars 1982 d’une défaillance cardiaque, quelques jours seulement avant la sortie en salle de Blade Runner adapté de son roman Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques?

Compilant lectures, extraits de films et bouts d’interviews (de son biographe et de sa veuve notamment), le documentaire de Yann Coquart et Ariel Kyrou raconte le vendeur dans un magasin de disques qui abandonne tout pour écrire de la fiction. L’auteur tellement mal payé qu’il publie seize romans en cinq ans (45 au total) et écrit 60 pages utiles par jour. Mais aussi le drôle de type paranoïaque, opposé à la guerre et conscient des inégalités, qui observe la société sans y participer. A la fois dépressif et agoraphobe selon son psychothérapeute.

Philip K. Dick, qui a exercé une influence déterminante sur la tech noire (de Terminator à Matrix…), considérait la technologie comme une force obscure qu’il fallait combattre. Il contrastait avec la présentation joyeuse et utopique de l’époque. « Il aimait observer des gens ordinaires dont la vie basculait et ne décrivait pas tant l’horreur que cette sensation que toutes nos certitudes sont basées sur du sable. Il ne craignait pas d’explorer ses propres peurs. Il en avait et vivait comme un Américain moyen. »

Jeu vidéo et réalité augmentée

« Berkeley, 1967. Vous êtes Elvin Green, un écrivain dont la carrière (comme la vie sentimentale) est au point mort. Trop d’acide, d’alcool bon marché, de nuits blanches à lutter contre la page blanche? Votre précaire santé mentale bascule. Cette cauchemardesque réalité est instable, vous pouvez y échapper et ainsi faire le pari d’un autre monde, d’une autre réalité. Qu’avez-vous à perdre? »

Chez Arte, on ne fait pas les choses à moitié. La plateforme créative de la chaîne culturelle franco-allemande propose ainsi de prolonger l’expérience dickienne dans Californium, un délirant et coloré jeu vidéo à l’univers graphique halluciné. Arte va même plus loin dans le bimédia puisqu’elle propose également sur le Web I Philip. Un court métrage de fiction en vidéo 360° et en relief qui raconte l’histoire d’un androïde à qui on a implanté la mémoire de Philip K. Dick. Quatorze minutes d’expérience immersive qui inventent la télé de demain…

DOCUMENTAIRE DE YANN COQUART ET ARIEL KYROU.

Ce mercredi 2 mars à 22h40 sur Arte.

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