Critique

À la télé ce soir: Les Liberterres

Les Liberterres © DR
Massimo Urbinati Journaliste

Un très précieux documentaire, plaidoyer non pas moralisateur mais révélateur, qui réussit le double exploit de remettre en question et de rendre espoir en l’homme, la nature et les liens ancestraux qu’ils ont tissés jusqu’ici.

Sous le coup du traumatisme engendré par la famine qui suivit la Seconde Guerre mondiale, les politiques agricoles prirent un tournant lapidaire. L’agriculture moderne, dans son empressement, s’est tournée vers la science pour cultiver toujours plus, toujours plus vite. Même si de tout temps, l’homme a asservi la nature pour en tirer profit, le Jardin d’Eden, moribond, ressemble désormais à un immense terrain de jeu dévasté par quelques géants de l’agroalimentaire et maintenu en vie par les lobbys de l’industrie chimique. Pesticides et fongicides, prescrits par les agronomes, ont non seulement augmenté les frais de production mais se retrouvent, en bout de course, à garnir notre table. Et si la faim dans le monde, mobile de tout ce chamboulement, n’est toujours pas résolue, l’assiette, elle, frôle l’insalubrité. Le sous-titre de cet incontournable reportage, Des histoires de rébellion contre les dérives de l’industrie agroalimentaire, illustre à merveille les quelques irréductibles qui résistent encore et toujours à la tentation de la malbouffe. Giuseppe, Olga, Remi et André, aux quatre coins du monde, se décarcassent pour entretenir une production durable où la nourriture reste au service du palais et non d’une spéculation mercantile. Chacun d’eux, au risque de passer pour un illuminé, partage un idéal commun. Une entreprise à l’échelle humaine, autogérée, libre de travailler en cycle fermé et soucieuse de rendre à la terre ce qu’elle offre de bonne grâce. Alors qu’un milliard de personnes souffrent encore de sous-nutrition, il semble possible, à la faveur de leurs démonstrations limpides, de mettre en pratique des alternatives bénéfiques à tous. Au consommateur de se rebiffer car, sans un peu de bon sens, les goûts et les couleurs ne se discuteront définitivement plus. Un très précieux documentaire, plaidoyer non pas moralisateur mais révélateur, qui réussit le double exploit de remettre en question et de rendre espoir en l’homme, la nature et les liens ancestraux qu’ils ont tissés jusqu’ici.

DOCUMENTAIRE DE JEAN-CHRISTOPHE LAMY ET PAUL-JEAN VRANKEN.

Ce jeudi 19 novembre à 21h25 sur La Trois.

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