Critique

[À la télé ce soir] Les cobayes de la CIA

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Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Glaçant, passionnant, le genre de documentaire qui permet d’imaginer les ignominies commises au nom du bien public.

Ça commence avec l’histoire consternante d’une jeune femme prise en charge, au Canada, dans le département psychiatrique de l’université McGill, pour une hépatite aiguë qui la rend dépressive. Une patiente tombée sans le savoir dans les filets d’un programme top secret de la CIA américaine (MK Ultra). Soumission psychique, manipulation mentale, administration de substances toxiques… Comme elle, sous prétexte d’études sur le cerveau humain, des dizaines de milliers de cobayes non volontaires -des indigents, des Noirs, des déshérités (ceux qui n’oseront jamais se plaindre et que de toute façon on ne croira pas) traqués dans les prisons, les hôpitaux, les casernes et les orphelinats- sont devenus dans les années 50 et 60 des rats de laboratoire.

Scandale de grande envergure, ces expériences révélées par des documents déclassifiés reposent sur pas moins de 149 programmes impliquant 80 institutions parmi lesquelles les plus grandes universités du pays. Leur but: trouver comment effacer des mémoires, faire avouer l’ennemi, fabriquer une machine humaine prête à tuer contre son gré et bien d’autres choses encore qu’on n’ose même pas imaginer…

Bactéries cachées et céréales radioactives

Dès 1946, pendant sept ans, des dizaines d’enfants malades mentaux ont été nourris de céréales radioactives dans une école du Massachusetts. Des centaines de produits ont été testés pour le lavage de cerveau. Des gens, parfois des membres de l’Agence, ont été enfermés dans des chambres capitonnées et se sont vu administrer du LSD à leur insu. La CIA a même été jusqu’à propulser des bactéries cachées dans des ampoules électriques au beau milieu du métro new-yorkais en 1966 et à placer des électrodes dans la tête de ses « patients » pour essayer de les commander à distance.

Un volontaire de l’époque, condamné pour vente de marijuana, et sorti avec un organisme dévasté, témoigne… Un psychiatre essaie de se justifier et d’expliquer l’impensable. Cet impensable commis au nom de l’intérêt national et jamais réellement condamné, l’individu étant protégé quand il agit au nom de l’État. On nous cache tout. On nous dit rien… Glaçant, passionnant, Les cobayes de la CIA est le genre de documentaire qui permet d’imaginer les ignominies commises au nom du bien public.

DOCUMENTAIRE D’OLIVIER PIGHETTI. ***(*)

Ce vendredi 13 janvier à 22h25 sur La Une.

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