Critique

[À la télé ce soir] Les Bacha Posh afghanes: des filles au masculin

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Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Pour célébrer comme il se doit la Journée internationale des femmes, cet événement né de luttes féministes officialisé en 1977 par les Nations Unies, Arte lui consacre en ce 8 mars toute son antenne.

Le cheveu court et la tenue masculine, Shafi, dont on ne connaît pas précisément l’âge (les Afghans ne retiennent généralement pas leur date de naissance), s’esquinte sur un pneu sous l’oeil attentif mais pas attendri de son père. Dans un pays où les enfants constituent une main-d’oeuvre à part entière, où il est indispensable qu’ils subviennent aux besoins de la famille, un pays où la rue est réservée aux hommes, où ils sont les seuls à pouvoir travailler, les jeunes garçons sont très souvent mis à contribution. Sauf que Shafi est une fille. Toheba (son vrai prénom) est ce qu’on appelle une bacha posh. Une de ces jeunes afghanes travesties en garçons. Sa mère a eu neuf filles et pas un seul petit mec. Alors Toheba, comme sa soeur Rosmana qui après l’école devient Mohammed, remplace ce fils que leurs parents désiraient tant. Depuis deux ans, Toheba ne suit plus les cours. Elle travaille. Retape des voitures. Aide son paternel. Et ne peut redevenir une fille que dans l’univers clos de la maison. En suivant la famille Safi à Mazar-e-Charif, Katrin Eigendorf et Shikiba Babori ne s’interrogent pas juste sur ce phénomène qui existe depuis des générations, elles racontent avec pas mal de nuances la femme dans la société afghane. Si plus de 90 % sont analphabètes, aujourd’hui une fille sur deux est scolarisée. Toheba cet été en redeviendra une, reprendra le chemin de l’école mais ne pourra plus vraiment sortir de chez elle ni jouer au cerf-volant. « Que peut-on faire des filles? Bien sûr, je vais les marier », conclut la mère… Pour célébrer comme il se doit la Journée internationale des femmes, cet événement né de luttes féministes officialisé en 1977 par les Nations Unies, Arte lui consacre en ce 8 mars toute son antenne. La chaîne franco-allemande part à la rencontre des pêcheuses d’algues de Zanzibar. Rencontre les sages-femmes itinérantes du Viêtnam. Et raconte les Cholitas, catcheuses boliviennes, paysannes lutteuses, qui réagissent à leur manière, pour le moins originale, à une société machiste. Elle propose aussi un Court-circuit spécial (« Les femmes font du cinéma »), un docu HBO sur les violences domestiques (Violences privées), le portrait de trois migrantes exilées en France (Venues d’ailleurs) et un docu autobiographique autour de l’avortement (Secrets de femme). Des 28 Minutes avec Laetitia Casta, Calypso Rose et Christiane Taubira et la comédie sociale britannique We Want Sex Equality, combat des ouvrières d’une usine automobile pour l’égalité salariale, parachèveront les célébrations. Women touch…

DOCUMENTAIRE DE KATRIN EIGENDORF ET DE SHIKIBA BABORI. ***(*)

Ce mercredi 8 mars à 18h15 sur Arte.

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