Critique

[À la télé ce soir] Le Skate made in RDA

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Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

C’est une claque. Une perle. Un petit chef-d’oeuvre de documentaire que programme Arte au coeur de la nuit et d’un week-end que la chaîne franco-allemande consacre à la fabuleuse, trépidante, excitante, enthousiasmante ville de Berlin.

Une programmation maousse costaud donc qui tirera le portrait de Rolf Eden, playboy octogénaire star de la nuit berlinoise (The Big Eden, 15h45, samedi). S’offrira une plongée avec Mark Reeder dans le Berlin-Ouest des années 80 (B-Movie: La sauvagerie de Berlin Ouest 1979-1989) et racontera les destins croisés de Paris et de la capitale teutonne (samedi 20.50). Une sélection qui fera aussi la part belle au cinéma puisque s’enchaînent dimanche les Comedian Harmonists, histoire d’un célèbre ensemble brisé par le nazisme, et La Scandaleuse de Berlin, une comédie avec Marlene Dietrich… Récompensé au festival du film indépendant de Cannes mais aussi à Nashville, Santa Fe, Varsovie et au Cockatoo Island Film Festival, Le Skate made in RDA, donc, est une oeuvre singulière et formidable. Réalisé par Marten Persiel, This Ain’t California (son titre anglais) s’intéresse au cas de Denis « Panik » Paracek. Un gosse né en 1970 près de Magdebourg que son père (un ancien de l’équipe olympique) destinait à devenir champion de natation mais qui s’éclatait moins dans l’eau que sur une planche à roulettes. On est en 2011. Dans la foulée de son enterrement. D’ex-skateurs et amis se souviennent. Extirpent de leur mémoire des anecdotes au sujet de la tête brûlée qu’il était. De ce bonhomme qui détestait les règles et bravait constamment l’autorité. Le docu fictionnalisé raconte aussi, en filigrane mais à peine, une jeunesse sous surveillance. Une bande de gamins juste en quête d’évasion et de liberté qui veulent avant tout s’éclater en écoutant du punk, Anne Clark et Alphaville. Comme il ne le laisse pas clairement entendre, en mode objet filmique non identifié, Le Skate Made in RDA mêle à la fois des reportages de l’époque communiste, des photos, de l’animation et des scènes reconstituées qui cachent leur nom. Qui étaient ces gamins qui surfaient sur le bitume de l’Alexanderplatz à Berlin-Est dans les années 80? Que leur voulait la Stasi? Comment le skate permettait-il de sauter par-dessus le mur? Une plongée trépidante et survoltée dans le milieu non organisé des planchistes à roulettes de Berlin-Est.

DOCUMENTAIRE DE MARTEN PERSIEL. ****(*)

Ce dimanche 19 février à 00h45 sur Arte.

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