Critique

[À la télé ce soir] Koudelka shooting holy land

Joseph Koudelka © DR
Nicolas Bogaerts Journaliste

« Je me retrouve devant un nouveau mur. Moi qui ai passé toute ma jeunesse derrière un mur, à vouloir passer de l’autre côté. Pour moi, c’était une prison. »

Face au mur qui se dresse entre Israël et la Cisjordanie, le photographe Josepf Koudelka tente de maintenir en place le puzzle qui se défait dans son cerveau. Français né en Tchéquie en 1938, il quitte Prague et traverse le rideau de fer, après avoir pris les célèbres clichés de l’invasion soviétique de ’68. Près de cinquante ans plus tard, son assistant Gilad Baram documente la rencontre entre cet homme au poil blanchi qui a immortalisé les conflits et les zones de misère du monde, et ce mur absurde de 9 mètres de haut. Quatre ans à fixer, de part et d’autres, les contrastes entre les communautés, les moyens, les infrastructures, les attitudes, les peurs et les résignations. Dans les plans très intelligents de Baram qui rappellent les errances du Gerry de Gus Van Zandt, Koudelka longe le mur, traverse l’écran, se pose au pied du rideau épais, observe en silence, parle avec des officiers de Tsahal, des enfants palestiniens. Il explique la composition, la distance, la lumière, l’exposition, les matières, les jeux d’ombres. Et se désole: « quelle merde ». Sous le grain grisonnant des photographies, superbement mises en valeur par ce film qui est un parfait témoignage artistique du non-sens, la Terre Promise, vallée fertile entre toutes, ressemble à une prison des âmes, étouffée sous le béton, le bitume et l’acier.

DOCUMENTAIRE DE GILAD BARAM. ****

Ce lundi 20 mars à 00h30 sur Arte.

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