Critique

[À la télé ce soir] Jack London, une aventure américaine

Jack London © © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

« Tenter de comprendre l’essence de Jack London, c’est comme essayer de saisir de la fumée, dit son petit-fils. Elle vous échappe des mains. »

Tour à tour vagabond, chercheur d’or, marin, militant socialiste passionné mais toujours écrivain, voyageur et aventurier, Jack London n’était pas un simple observateur. Il était au coeur de l’action. Créant un modèle qu’Hemingway et d’autres suivraient plus tard. Michel Viotte, à qui l’on doit notamment des documentaires sur Sinatra, Gabin, Ben Harper, Kerouac ou encore l’implication d’Hollywood dans la Seconde Guerre mondiale, avait déjà signé au milieu des années 90 Jack London, l’enfant secret du rêve californien. Pour commémorer la mort, il y a tout juste un siècle, le 22 novembre 1916, de l’auteur de Croc-Blanc, le Français brosse un nouveau portrait de ce grand et passionnant baroudeur emporté à 40 ans par une crise d’urémie.

Si London, né John Griffith Chaney, fut parmi les premiers Américains à faire fortune grâce à l’écriture, son entrée en ce bas monde survient dans les quartiers pauvres de San Francisco et tient déjà de la grande aventure. Passionnée d’astrologie et de spiritisme, sa mère fait tourner les tables et prédit l’avenir mais ne prévoit pas que l’homme qui l’a mise enceinte va s’en aller avant de connaître son fils. Elle tente d’avorter plusieurs fois et se tire une balle qui ricoche sur son front. Avant même sa naissance, Jack London est déjà un miraculé… Forcé très jeune de travailler pour permettre à sa famille de subsister, Jack est en lien direct avec la pauvreté, la classe ouvrière et prolétaire. C’est une vie de criminel (on le surnomme le prince des pilleurs d’huîtres) qui lancera sa vie d’aventurier. La chasse aux phoques et le récit que sa mère le pousse à écrire, dès son retour, pour un concours. Les voyages en hobo, clandestin sur les trains de marchandises. La prison (où il atterrit parce que sans-abri), l’unif (où il trouve les autres étudiants naïfs) ou encore son entrée dans le cinéma (bien avant les débuts d’Hollywood)… Jack London une aventure américaine se promène dans la vie trépidante d’un auteur à la plume accessible et pleine d’énergie, qui aimait raconter les laissés-pour-compte. Un vrai socialiste en même temps qu’un homme riche et heureux de l’être. Les photos se succèdent en rythme entre quelques scènes reconstituées (pas gênantes) et les interventions d’un professeur de littérature, de son biographe ou encore de son arrière-petite-fille… Passionnant.

DOCUMENTAIRE DE MICHEL VIOTTE. ****

Ce samedi 3 décembre à 20h50 sur Arte.

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