[À la télé ce soir] Immortalité, dernière frontière

La cryogénie progresse. Le clonage se perfectionne. Aux Etats-Unis, un scientifique a même déjà transféré les souvenirs de sa compagne décédée dans le système informatique d’un robot.

Aux Etats-Unis, affalées dans leurs fauteuils roulants sous le soleil et les palmiers, des dizaines de personnes âgées, certaines les qualifieront d’éminences grises, d’autres de vieux séniles, écoutent solennellement un sermon religieux. La foi en l’existence éternelle, croyance en une vie après la mort (voire sans mort du tout), n’est plus aujourd’hui le seul fantasme de gens pieux et de fidèles. Le synonyme d’un recours nécessaire à des idées dévotes et mystiques. Au fil des années, science et technologie ne cessent de gagner du terrain sur la précocité de notre départ. La mort de la mort sera-t-elle le numéro le plus sensationnel du XXIe siècle? Ce qui n’était, il y a quelques décennies, qu’un rêve, l’utopie inimaginable de quelques farfelus, commence tout doucement à se trouver des fondements rationnels, aussi fragiles restent-ils encore. Certes, la Française Jeanne Calment, la personne ayant vécu le plus longtemps de l’Histoire, est morte à l’âge de 122 ans, cinq mois et quatorze jours. Ce qui laisse, vous en conviendrez, pas mal de marge jusqu’à l’éternité. Mais les avancées prodigieuses de la biologie, de la médecine et du numérique posent de grandes questions sur l’avenir de l’homme.

La cryogénie progresse. Le clonage se perfectionne. Aux Etats-Unis, un scientifique a même déjà transféré les souvenirs de sa compagne décédée dans le système informatique d’un robot.

Ponctué par quelques extraits de films (Le Village des damnés, Metropolis…), le documentaire de Sylvie Blum se rend à Sheffield et rencontre des gens qui se préparent à être congelés le jour de leur mort. Se promène à Sun City, cette fameuse ville américaine réservée aux séniors où l’âge n’existe que dans la tête, mais où il faut 55 ans pour pouvoir s’installer…

Sociologues, futurs cryogénisés qui veulent s’offrir une chance de voir le futur, anthropologues, neuroscientifiques, philosophes, directeur de l’ingénierie chez Google et autres consultants en nouvelles technologies s’interrogent. Ils questionnent des notions fondamentales comme celle d’humain, de pensée, d’émotion. Se demandent si les limites éthiques résisteront au progrès. Si une vie sans fin en vaut la peine et comment nos sociétés pourraient s’accommoder d’une explosion démographique. Fascinante et inquiétante réflexion sur l’avenir peut-être un jour interminable de l’homme.