Critique

[À la télé ce soir] Filles de joie et de misère

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Massimo Urbinati Journaliste

En dessin ou par la voix des historiens, ce documentaire de Julia Bracher dévoile ce qui se tramait derrière le rideau de strass.

Pratique dévorante qui digère les âmes comme les corps, la prostitution, dit-on, est vieille comme le monde. Mais c’est à Paris, capitale des plaisirs capiteux, que naîtra le French system du cantonnement, « nécessaire à la société comme la poubelle à la famille« . Afin de canaliser les irrépressibles pulsions des hommes en appétit, de lutter contre la clandestinité du racolage et donc, de renforcer la stabilité du foyer bourgeois, les législateurs, planqués derrière leur lexique de la misogynie, miseront sur la relation éphémère du service de nuit. Lieu de sociabilité gaillard et phallocrate, la maison close au luxe enivrant déploie sa galerie de portraits. Le propriétaire, aussi discret que spoliateur. La tenancière, qui tient sous sa coupe les filles comme les comptes. La sous-maîtresse, qui reçoit et assiste le beau monde. Et enfin ces femmes de splendeur, objets, au propre comme au figuré, de tous les fantasmes. On dispose de peu de témoignages de ce qu’ont enduré ces belles-de-nuit pourtant fichées et épluchées. En dessin ou par la voix des historiens, ce documentaire de Julia Bracher dévoile ce qui se tramait derrière le rideau de strass. La main d’oeuvre miséreuse, la spirale mercantile, la liberté de façade, la terreur des sentiments et la fin d’un règne. Transparence ou opacité, les années passent, le débat reste.

DOCUMENTAIRE DE JULIA BRACHER. ***(*)

Ce samedi 25 février à 21h05 sur La Trois.

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