Critique

À la télé ce soir: Dans la main de Dieu

Dans la main de Dieu © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Évolution des modèles cléricaux à notre époque, au travers de portraits et témoignages de prêtres, dont certains ont quitté l’Église: tous ont été appelés, mais certains ont connu le doute, ont rompu avec l’institution, changé de vie, se sont parfois mariés.

En 1969, le plasticien Michel Journiac, qui a été séminariste pendant huit ans sans avoir été ordonné prêtre, célèbre de drôles de messes. Proposant pour eucharistie une hostie faite de boudin cuisiné avec son propre sang. La performance interpelle Peter Woditsch au point qu’il se pose une question personnelle et fondamentale. Un artiste est-il nécessaire pour faire passer ce que l’église officielle n’a jamais pu lui transmettre? Woditsch a reçu une éducation catholique qu’il qualifie de sévère et se souvient avoir vomi à la messe à neuf ans… « La nourriture spirituelle ne passait pas. » Il n’a cependant été libéré par son père qu’à l’adolescence de ses visites hebdomadaires à l’église. Son documentaire Dans la main de Dieu questionne avec beaucoup d’acuité son rapport à la religion et surtout la relation plus conflictuelle qu’il y paraît entre la foi et son organisation.

Woditsch nous confronte aux confessions intimes de trois prêtres mis au rebus. Le Viennois Adolf Holl a rompu son voeu de célibat après dix ans dans les ordres et a été démis de ses fonctions d’aumônier après la publication de son best-seller Jésus en mauvaise compagnie. Promis à une carrière de cardinal, l’Allemand Horst Herrmann a publié plus de 70 livres. Condamnant les privilèges et profits scandaleux de l’église catholique, interrogeant la place qui y était faite aux femmes, aux homosexuels et aux enfants illégitimes… Quant au Flamand Luc Hessel, il a reconverti un vieux monastère abandonné d’Izegem pour y créer La Harpe, un lieu spirituel accueillant des malades d’Alzheimer puis des jeunes exclus. Initiative paraît-il non conforme aux principes chrétiens et ecclésiastiques… A travers les récits et cheminements de ces pécheurs engagés qui ne se sont jamais mis à genou devant l’église autoritaire pour demander pardon (ils ont même dû la quitter pour garder la foi), Woditsch pose de vraies grandes questions. Evoque le gouffre entre le prêtre et le croyant. Le décalage entre l’Eglise et le monde qui l’entoure. Et met aussi le doigt sur son hypocrisie. Le célibat imposé, les abus et les scandales de pédophilie impunis. Austère mais essentiel.

DOCUMENTAIRE DE PETER WODITSCH.

Ce 16 juillet à 21h00 sur La Trois.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content