À la télé ce soir: Daft Punk Unchained

Une chouette plongée dans un univers hors du commun à défaut du docu ultime. Mais existera-t-il un jour?

« Donnez un masque à un homme et il vous dira la vérité », écrivait au XIXe siècle Oscar Wilde. Foutez-lui un casque, planquez-le derrière des machines et il vous fera danser la planète, a-t-on envie de lui répondre une toute grosse centaine d’années plus tard. C’est qu’entre-temps, il y a eu Daft Punk. Ses tubes, ses clips et son mystère. Sans que le duo ne lui ait accordé d’interview, mais en utilisant des extraits d’entretiens radiophoniques récupérés çà et là, Hervé Martin-Delpierre lève un coin du voile recouvrant l’histoire plus que le travail de Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo. « Le prix de leur liberté, c’est d’avoir envoyé les robots faire le sale boulot pour eux », rigole Jean-Daniel Beauvallet des Inrockuptibles entre deux commentaires de Skrillex, Giorgio Moroder, Pharrell Williams, Kanye West, Nile Rodgers, leur ancien manager Pedro Winter ou encore Leiji Matsumoto qui a inventé Albator et réalisé Interstella 5555, film d’animation visionnaire accompagnant leur album Discovery.

Assez riche et bien foutu, même si certains interlocuteurs parlent davantage d’eux que des magiciens français et s’il ne pénètre finalement qu’en surface l’univers du duo casqué, Daft Punk Unchained montre des images de Darlin, son ancien groupe avec Laurent Brancowitz (futur Phoenix), reprenant Spectrum en concert. Raconte son nom issu de la mauvaise critique dont il a fait l’objet dans le Melody Maker et sa première rave sur les toits de Beaubourg. Il évoque aussi le père de Thomas, producteur disco, qui l’aide à y voir plus clair, les collaborations avec Spike Jonze et Michel Gondry… Puis l’interaction entre la musique et la technologie, la lecture obsessionnelle des modes d’emploi…

Il y a quelque chose d’assez jouissif à entendre où sont nés les deux premiers albums du tandem french touch, deux disques qui ont changé la face de la musique composée dans une chambre d’enfant. Puis aussi à s’en aller visiter les ateliers californiens où sont nés leurs casques. Une chouette plongée dans un univers hors du commun à défaut du docu ultime. Mais existera-t-il un jour?