Critique

[À la télé ce soir] Black Book

Black Book, de Paul Verhoeven © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Soirée Verhoeven sur Arte avec, dans la fouléede son Black Book tendu et tumultueux, un documentaire intitulé Paul Verhoeven: cinéaste de la provocation.

Le formidable autant qu’inespéré Elle vient de remettre au premier plan le vétéran Paul Verhoeven. Le Néerlandais de 78 ans, réalisateur de Turks Fruit puis, à Hollywood, de RoboCop, Total Recall et Basic Instinct, était retourné au pays voici une décennie pour aborder avec Black Book la période trouble de l’Occupation. Nous sommes à La Haye, où Rachel Stein (Carice van Houten) emprunte une filière d’exfiltration de juifs, promise à un massacre auquel la jeune femme échappera, gagnant ensuite la Résistance sous un nom d’emprunt. Chargée d’espionner la Gestapo, elle entamera une partie de faux-semblants aussi dangereuse qu’ambiguë… Verhoeven met son talent pour le suspense, l’action et les situations extrêmes, dans un film tendu, tumultueux, où il trace un passionnant portrait féminin sur fond de grande histoire et de tabous liés à une époque de terreur, de trahisons, d’égarements. L.D.

DRAME DE GUERRE DE PAUL VERHOEVEN. AVEC CARICE VAN HOUTEN, SEBASTIAN KOCH, THOM HOFFMAN. 2006. ****

Ce dimanche 16 octobre à 20h45 sur Arte.

Paul Verhoeven: cinéaste de la provocation

Présenté en mai au Festival de Cannes, son dernier film (Elle) qualifié de noir, tordu et drôle a été choisi pour représenter la France aux Oscars. À 78 ans, le Néerlandais Paul Verhoeven est toujours là où on ne l’attend pas. Cinéaste sulfureux, réalisateur à controverse, celui que le Time Magazine a surnommé le « Sultan of shock » est un homme étrange. Un metteur en scène pour lequel le sexe, la violence et la religion sont les trois éléments les plus importants sur terre et qui leur a logiquement fait une place de choix dans sa filmographie à travers des personnages souvent dominés par leurs pulsions.

Son amour des comics, sa découverte du cinéma français, son premier film au service cinématographique de la marine et sa crise mystique. Spetters, qui montre un viol homo et fait scandale aux Pays-Bas, la série Floris, début de sa collaboration avec son acteur fétiche Rutger Hauer, La Chair et le Sang, son Apocalypse Now mais aussi évidemment son succès aux USA où il s’impose grâce à la science-fiction.

Rythmé par ses propres commentaires, ceux de son biographe, du scénariste Joe Eszterhas et d’Isabelle Huppert (l’héroïne de Elle), des extraits d’interview avec Michael Douglas ou encore Sharon Stone, le documentaire d’Elisabeth van Zijll Langhout raconte un réalisateur né en 1938 à Amsterdam et élevé à La Haye sous l’occupation allemande qui est parvenu à signer avec RoboCop, Total Recall ou encore Basic Instinct quelques beaux succès du box-office américain. Il dévoile surtout un homme à l’ironie ravageuse et à l’énergie communicative. Un mec qui va avec beaucoup d’humour chercher ses récompenses aux Razzie Awards. Pire film, pire scénario, pire actrice, pire réalisateur. À tort ou à raison, Showgirls a depuis été réévalué. À l’image de Starship Troopers, sa charge satirique sur la vision politique et la façon de penser des Américains. Très classique et pas spécialement sexy dans son traitement, Paul Verhoeven cinéaste de la provocation dresse le portrait d’un type plus intéressant et à coup sûr plus attachant que la majorité de ses films. J.B.

DOCUMENTAIRE D’ELISABETH VAN ZIJLL LANGHOUT. ***(*)

Ce dimanche 16 octobre à 23h05 sur Arte.

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