Critique

[À la télé ce soir] Bienvenue au Réfugistan

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Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Dans son très beau documentaire, Anne Poiret décide assez intelligemment de se mettre à la place des réfugiés.

Ce n’est pas le plus grand pays du monde. Ce serait, disons, un pays moyen d’Europe. Avec ses 17 millions d’âmes, le Réfugistan n’en est d’ailleurs pas un, de pays. C’est plutôt un État de fait, une situation dans laquelle vivent trop de gens. Un peu partout sur la planète, en marge des États, les camps de réfugiés accueillent celles et ceux que la guerre, les chocs climatiques ou les situations de catastrophes individuelles ont chassés de chez eux. Au sommet de cet attelage hybride, le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), qui tente d’administrer les lieux avec le plus d’humanité possible. Même si d’humanité, il ne peut plus vraiment être question quand on naît dans un camp initialement provisoire, mais devenu pérenne, sans possibilité de travailler ou de se déplacer librement. Généralement, les pays qui les accueillent sur leur sol n’ont aucune envie d’être embarrassés par ceux qui y vivent. Alors les situations perdurent, des décennies. Et les gens perdent espoir. Comme ces deux Somaliens qui, après dix années passées dans un camp au Soudan, aimeraient retourner chez eux cultiver un lopin de terre, retrouver un semblant de liberté et de perspectives d’avenir. Le danger est là, la route est périlleuse, mais ils préfèrent ce risque-là à cette vie dénuée de sens.

Dans son très beau documentaire, Anne Poiret décide assez intelligemment de se mettre à la place des réfugiés, de voir, pas à pas, ce qui les attend quand ils pénètrent dans ces véritables villes agencées pour parer aux besoins primaires, mais pas plus. Une démarche utile, à l’heure où des milliers d’êtres humains périssent en tentant, notamment, d’arriver jusqu’aux côtes européennes. La réalisatrice nous montre également comment ces camps évoluent, les expériences pilotes qui y sont menées, leurs modes de financement et les fonctionnaires qui y travaillent, parfois au péril de leur sécurité. Bienvenue au Réfugistan, c’est le tour d’un monde. Dont on souhaiterait la fin.

DOCUMENTAIRE D’ANNE POIRET.

Ce mardi 21 juin à 22h30 sur Arte.

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