Critique

[À la télé ce soir] B-Movie, la sauvagerie de Berlin-Ouest 1979-1989

B-Movi - La sauvagerie de Berlin-Ouest 1979-1989 © DEF Media
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Fin des seventies. Le Mur est encore debout, mais affluent déjà des artistes venus de tous les horizons. Alimentant le chaos ambiant de cette jungle urbaine, créateurs, dilettantes, militants et hédonistes squattent et font entendre leur voix.

« Berlin n’était pas belle mais bon dieu qu’elle était sexy… » Musicien au sein des Frantic Elevators (première incarnation, punk, de… Simply Red), Mark Reeder suit en 1978 les traces de David Bowie. Attiré par la musique de Neu!, de Kraftwerk et de Tangerine Dream, il quitte sa chère Manchester et part s’installer à Berlin-Ouest où le Thin White Duke vient d’enregistrer sa mythique trilogie (Low, Heroes, Lodger). Dans une ville encore plus déglinguée que la sienne, il devient le représentant allemand de Factory Records et s’intègre à la bouillonnante scène locale. On vous parle d’un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître. « Un temps où le roller disco était à la mode, où les filles avaient encore des poils et les garçons aimaient le maquillage… Une époque lointaine où on fumait encore à la télé. Où tout le monde avait un tourne-disque, un radiocassette et un walkman. »

Fin des seventies donc. Le Mur est encore debout, mais affluent déjà des artistes venus de tous les horizons. Alimentant le chaos ambiant de cette jungle urbaine, créateurs, dilettantes, militants et hédonistes (parfois les quatre à la fois) squattent et font entendre leur voix. Que ce soit à travers leur production, en s’opposant aux forces de l’ordre ou en faisant vivre la nuit. Dans ce grand bordel pas vraiment organisé, Reeder joue les ingés son pour les punks de Toten Hosen, héberge Nick Cave, organise au Kant Kino le seul concert berlinois de Joy Division (150 personnes, mais un trip qui inspirera une chanson, Komakino, à Ian Curtis) et joue dans des films gore (émasculation et autres joyeusetés). Construit sur d’incroyables images d’archives, des bouts d’interviews, des extraits de fictions et de docus, B-Movi: la sauvagerie de Berlin-Ouest croise la route de Tilda Swinton à vélo, de Keith Haring en train de peindre sur le Mur, de Christine F en vadrouille et de Blixa Bargelt (« l’un des oiseaux de nuit les plus bruyants de la ville ») derrière un bar. Du squat au Loft, du Dschungel où Bowie passe de temps en temps au Risiko, B-Movi est une tranche de vie, le récit d’une décennie et le portrait d’une ville qui ne dort jamais. Tous trois marqués par les rencontres punk et les rythmes électroniques. De l’éclosion de la nouvelle vague allemande à la première Love Parade, un documentaire qui ne pèche que par son doublage…

DOCUMENTAIRE DE HEIKO LANGE, KLAUS MAECK ET JÖRG A. HOPPE.

Ce samedi 18 février à 0h25 sur Arte.

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