Critique

À la télé ce soir: Après la pluie, les bombes tuent toujours aujourd’hui au Laos

Après la pluie, les bombes tuent toujours aujourd'hui au Laos. © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Retour sur la question des mines antipersonnel. À partir de la question que lui a posée une fillette cambodgienne, le réalisateur parcourt le monde pour réaliser un documentaire implacable sur ce fléau mondial.

Les anciens se souviennent des bombardements, jusqu’à quatre fois par jour, et des morts qu’ils enterraient la nuit… Victime d’un conflit qui a priori ne le concernait pas, le Laos de par sa position géographique stratégique a payé un lourd tribut à la guerre du Viêtnam. Et il en souffre encore aujourd’hui. 30% des bombes larguées par les Américains sur le pays entre 1962 et 1975 n’ont jamais explosé. Il en resterait 84 millions sur le territoire. Quatorze par habitant… Aujourd’hui encore, la République démocratique populaire compte ses morts. Elle a d’ailleurs pleuré cent à cent vingt décès ou blessés par an à leur contact durant la première décennie de ce XXIe siècle.

Des parents qui ont perdu un de leurs enfants, un homme revenu de la pêche avec un oeil crevé et deux bras arrachés… Le réalisateur français Philippe Cosson s’en est allé à la rencontre de victimes. Il raconte le danger latent. Des armes qui ont l’apparence et la taille d’une balle de tennis. Une population tellement pauvre qu’elle ramasse ces bombes « à retardement » au péril de sa vie pour en revendre le métal à moins de 30 centimes d’euro le kilo. Il interroge aussi des historiens, des vétérans américains, un responsable d’une entreprise suisse spécialisée dans le déminage ou encore un ex-général qui joue les VIP pour une société d’armement. Mines à retardement, bombes à fragmentation… D’après les experts, il faudra plus de cent ans pour nettoyer le pays. Interpellant quand on sait que la population va grandir, avoir besoin d’espace. Et que ces mines peuvent exploser à tout moment alors que des innocents cherchent à étendre leurs cultures, à collecter du bois ou essaient tout simplement de vivre.

Film enquête, documentaire réquisitoire, Après la pluie… (2009), qui s’appuie également sur des images d’archives (scènes de guerre, discours du sénateur McCarthy et de Kennedy), dénonce d’une argumentation détaillée la responsabilité des Etats-Unis dans ce drame sans nom.

« 315 milliards de dollars de vente d’armes ont été réalisés au salon de l’armement de Paris. Le chiffre d’affaires annuel des sociétés d’armement s’élève à 3130 milliards de dollars », élargit Cosson. Un docu qui veut éveiller les consciences et y parvient.

DOCUMENTAIRE DE PHILIPPE COSSON.

Ce dimanche 6 septembre à 22h30 sur La Trois.

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