Critique

À la télé ce mercredi soir: Mittal, la face cachée de l’empire

Mittal, la face cachée de l'empire © DR
Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

L’histoire de Lashkmi Mittal, c’est celle d’un Indien de Calcutta issu d’une caste, les Marwaris, pour qui faire de l’argent est un objectif de vie, si pas une obligation. Et de l’argent, Mittal va vouloir en faire vite.

Comment construit-on un empire? Si la question vous taraude, ou que vous avez l’ambition chevillée au corps, jetez un oeil au solide documentaire de Jérôme Fritel. Parce qu’il vous révélera aussi comment grandeur et décadence peuvent se succéder à un rythme étonnant. L’histoire de Lashkmi Mittal, c’est celle d’un Indien de Calcutta issu d’une caste, les Marwaris, pour qui faire de l’argent est un objectif de vie, si pas une obligation. Et de l’argent, Mittal va vouloir en faire vite. En rachetant de vieilles usines fatiguées, à l’Est d’abord, puis dans le monde entier. Des sites au bord de la faillite, mais qu’il ressuscite sur base d’une volonté simple: couper les coûts tout en augmentant les rendements. L’acier, qu’il traite forcément en quantités astronomiques, se révèle rapidement rentable. Et Mittal entame son ascension. Fulgurante. Au grand dam d’autres acteurs du secteur, comme Arcelor -le témoignage de son ancien PDG vaut le détour-, sur qui l’Indien va irrémédiablement fondre: l’OPA hostile réalisée en 2006 par Mittal sur ce qui est alors le deuxième groupe sidérurgique au monde va marquer les esprits. Mais l’époque de l’âge d’or et des courbettes que lui font les puissants touche presque à sa fin. La crise va non seulement casser l’ambiance, elle va reprendre à Mittal une partie de ce que sa soif de rentabilité lui avait donné. Et le déclin de s’amorcer, dans une dynamique qui plombera solidement la multinationale. S’il reste numéro 1 mondial du secteur, employant 250 000 personnes dans une soixantaine de pays, Mittal a dû multiplier les fermetures et les drames sociaux: pour beaucoup, le sauveur de la sidérurgie s’est alors transformé en fossoyeur du secteur…

Les histoires d’ascension fulgurante suivie d’un inexorable déclin font toujours recette, qu’on se le dise. Pas pour rien si Hollywood s’en sert régulièrement pour alimenter l’imagination de ses scénaristes. Un peu austère, mais sérieuse et documentée, l’enquête de Jérôme Fritel s’appuie sur un paquet de témoignages rares, notamment de collaborateurs proches du milliardaire indien. Lequel, sorte de requin sympa toujours prêt à vous croquer avec le sourire, méritait bien qu’on s’intéresse à son très carnassier parcours.

  • DOCUMENTAIRE DE JÉRÔME FRITEL.
  • Ce mercredi 10 septembre à 22h00 sur La Une.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content