Critique

À la télé ce mercredi soir: Drogues et création, une histoire des paradis artificiels

Fritz the cat de Ralph Bakshi © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Quelle influence ont exercé et exercent encore aujourd’hui les drogues sur la création artistique? Voilà bien une question qui n’a cessé de tarauder le milieu et la critique.

Auteur de Wild Thing, la folle histoire du rock, le réalisateur français Jérôme de Missolz se penche aujourd’hui sur les relations étroites entretenues depuis plus de deux siècles par les écrivains, plasticiens, musiciens ou encore cinéastes avec l’intriguant monde des stupéfiants. L’occasion de retracer une histoire parallèle de l’art: celle des paradis artificiels. Le premier volet de Drogues et création, s’il épingle The Trip de Roger Corman et fait aussi bien parler Daevid Allen (Soft Machine) que Jan Kounen (réalisateur de Blueberry initié aux bienfaits des plantes lors de ses récurrents voyages en Amérique du Sud), se concentre essentiellement sur les écrivains. Confessions d’un mangeur d’opium anglais de Thomas de Quincey, le club des Haschischins créé par Moreau de Tours ou encore le rapport de Baudelaire aux substances psycho-actives.

Diffusé dans la foulée par la chaîne franco-allemande, le second volet embarque pour le XXe siècle. Essentiellement sa deuxième moitié d’ailleurs. Soit quand la drogue sort du cadre élitiste des poètes et écrivains pour intégrer le monde des musiciens et plasticiens. On y parle de sa démocratisation, de son influence sur les arts graphiques et le 7e art (comme en témoigne l’adaptation de la BD de Robert Crumb Fritz The Cat) et d’Otto Preminger, le premier à brosser le portrait d’un camé au cinéma avec L’Homme au bras d’or. On y évoque aussi le mouvement Beat. Le psychédélisme lié aux drogues hallucinogènes, l’hyperréaliste Velvet Underground qui appelle une seringue une seringue et botte le cul de la scène hippie. Ou encore les punks et les amphètes. Pas toujours évident à suivre (la faute à des intervenants dont les propos volent parfois un peu trop haut et aux expériences visuelles et sonores barrées qui rythment ce trip de pratiquement deux heures), Drogues et création résume autant que faire se peut une volonté d’élargir sa conscience voire d’y échapper. Une conclusion? « Fumer de l’herbe ne fait pas de toi un Bob Dylan. Prendre de l’héroïne ne fait pas de toi un Jean-Michel Basquiat, note Jay McInerney (Journal d’un oiseau de nuit). L’art implique peut-être un dérèglement des sens mais il ne suffit pas. Basquiat aurait été un grand artiste sans héro. En plus, il serait encore en vie aujourd’hui. » Dont acte.

  • DOCUMENTAIRE DE JÉRÔME DE MISSOLZ.
  • Ce mercredi 7 janvier à 22h25 sur Arte.

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