Critique

À la télé ce mercredi soir: Cinquante degrés nord, clap de fin

Cinquante degrés nord © Philippe Cornet
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Histoire de marquer le coup, le talk-show à l’antenne cinq jours par semaine a invité pour ses trois dernières le monde artistique belge sur son plateau de Flagey.

A la mi-octobre, tombait la sanction sèche: la Fédération Wallonie-Bruxelles, dans un vaste mouvement d’économie de 140 millions d’euros prévu pour 2015, amputait la dotation faite à la RTBF pour la diffusion d’Arte Belgique de 2,7 millions. Dans un premier temps, il semblait que les deux émissions de la joint-venture franco-belgo-allemande allaient disparaître: Quai des Belges et Cinquante degrés nord. La première consacrée au documentaire survivra, tout au moins jusqu’à la fin 2015; la seconde tire sa révérence forcée ce 26 décembre, après huit ans et demi d’existence, et tente la culture via Internet (www.az-za.be).

Histoire de marquer le coup, ce talk-show à l’antenne cinq jours par semaine a invité pour ses trois dernières, bouclées en différé, le monde artistique belge sur son plateau de Flagey. Deux choses frappent d’emblée: la grande majorité des cultureux présents a plus de 40 ans et la section rock-électro contemporaine est rigoureusement absente du panel en ce samedi d’enregistrement du 13 décembre. Plutôt que de choisir de mettre les pieds dans le plat en questionnant la place de la culture à la télévision, ou plus largement dans l’actuelle société belge phagocytant les budgets, le présentateur Eric Russon demande à ses invités de causer de leur actualité 2015. Idée assez conforme à cette émission, qui n’a jamais considéré l’insolence ou la confrontation (dialectique) des pensées pour électriser sa promo, informée mais conventionnelle. Question de ton et d’audace verbale.

Il est clair que sa disparition va laisser un manque au niveau de l’épluchage de l’actu -certes plus en matière de théâtre que de death metal…-, mais elle pose aussi les limites de l’exercice, pas toujours bien défini entre journalisme et sempiternelle promotion. Vues comme cela, les trois émissions du jour manquent singulièrement de coups de sang, et il faut une jolie connerie de Jean-Luc Fonck –« Grabatour n’est pas ma dernière tournée, ce sera l’Incinératour »– pour desserrer un peu les humeurs. On remarque aussi l’absence d’artistes, disons les plus « célèbres », même si l’on pointe Jaco Van Dormael et José van Dam. Ce dernier, très classe, parle de son nouveau projet tango-jazz et glisse une phrase de bon sens: « L’apprentissage de la culture, cela commence aussi à l’école ».

  • TALK-SHOW CULTUREL PRÉSENTÉ PAR ERIC RUSSON.
  • Ces 24, 25 et 26 décembre à 20h05 sur Arte.

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