Critique

À la télé ce mardi soir: La Tragédie électronique

Recyclage de déchets électriques et électroniques à Guyiu en Chine © Greenpeace - Lu Guang
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

L’an dernier, on a vendu dans le monde 50 millions de téléviseurs à écrans plats, 300 millions d’ordinateurs, deux milliards de smartphones et de mobiles… Même en temps de crise, les chiffres restent en hausse.

Au point que nous produisons chaque année 50 millions de tonnes de déchets électriques et électroniques. Neuf millions et demi rien que pour les Etats-Unis. Des indésirables qui atterrissent régulièrement dans des décharges à ciel ouvert d’Afrique, d’Amérique du Sud et d’Asie où ils empoisonnent la terre, l’air et la mer… Si l’état américain est le premier producteur mondial de déchets électroniques et si les Etats-Unis restent le seul pays au monde, avec Haïti, à ne pas avoir ratifié la Convention de Bâle, cet accord international interdit bel et bien l’exportation de déchets toxiques. La Tragédie électronique commence là où Prêt à jeter, le documentaire précédent de Cosima Dannoritzer, se termine. Dans une décharge sauvage d’Agbogbloshie, en banlieue d’Accra, capitale du Ghana, où des enfants démembrent ordis, GSM et chaînes hi-fi concassés pour récupérer ce qui peut l’être au milieu des fumées toxiques. Elle suit un journaliste spécialisé dans l’environnement. Mike Anane se demande pourquoi et comment son pays est devenu la poubelle de l’Europe et il entend bien le découvrir. Instructif, effrayant, ce docu met le doigt là où ça fait mal. Sur une ahurissante marée toxique qu’il sera de plus en plus difficile de contenir. Une exportation interdite depuis plus de 30 ans et un business illégal qui aurait même aujourd’hui pris le dessus sur le trafic de drogues malgré l’obstination d’activistes, de policiers, de douaniers et de journalistes… Outre le fait que ces déchets sont ouvertement vendus à travers la planète via Internet et que 50000 GSM permettent de récupérer un kilo d’or (environ 40000 euros), on y apprend surtout que l’Europe dépense 130 milliards par an dans l’importation de métaux stratégiques alors qu’une partie de ces besoins pourraient être couverts par le recyclage de produits électroniques. Il devient temps d’ouvrir les yeux.

  • DOCUMENTAIRE DE COSIMA DANNORITZER.
  • Ce mardi 20 mai à 20h50 sur Arte.

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