Critique

À la télé ce mardi soir: L’urgence de ralentir

"changer le rapport au temps, c'est révolutionner le socle des sociétés modernes" © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Pas besoin de lancer les chronomètres. On bouffe au fast food, voyage en train à grande vitesse et surfe sur l’Internet haut débit. La vie, de plus en plus frénétique, est devenue une course contre la montre. Une bagarre contre le temps.

Ce temps toujours plus rapide, toujours plus efficace, toujours plus rentable… Sur une idée de l’ancien journaliste Noël Mamère aujourd’hui maire écologiste de Bègles, Philippe Borrel (Un Monde sans humains?) ausculte l’ère de l’accélération. De l’immédiateté devenue norme.

Borrel se promène aux quatre coins du monde à la rencontre de ces gens qui ont décidé de refuser le diktat de l’urgence. « Nouveaux rebelles vivant à contre-temps, précurseurs qui réinventent un rapport patient et fertile au temps. »

Opposants à la ligne TGV Turin-Lyon, adeptes de la permaculture et de jardins complètement autonomes, profs de sociologie, de philosophie et d’économie… Tous déplorent un modèle de développement qui nous envoie au gouffre et nous plonge dans un monde qui nous étouffe tandis que s’égrène le sablier. Une époque dans laquelle l’information a remplacé la connaissance. La rapidité la qualité. L’emportement la sagesse.

De Bristol, la ville la plus écologique de Grande-Bretagne, dont le bourgmestre George Ferguson a fait « un laboratoire pour les idées nouvelles, pour que la croissance soit profitable et pas nuisible » (Bristol a notamment sa monnaie locale: le Bristol Pound) à New York et son Park Slope Food Coop, supermarché collaboratif où les gens doivent travailler deux heures 45 tous les mois pour pouvoir y faire leurs achats, en passant par le Barefoot College au Rajasthan qui recrute des femmes de milieux ruraux pour les former à l’ingénierie solaire, L’Urgence de ralentir part à la découverte d’initiatives basées sur d’autres paradigmes.

Changer le rapport au temps, c’est révolutionner le socle des sociétés modernes. Mais lutter contre le progrès pour éviter qu’il nous mange relève de l’évolution. Comme le résume l’un des nombreux participants à ce documentaire globe-trotteur, si quelque chose doit s’accélérer aujourd’hui, ce sont les idées. Pas les personnes ou les marchandises. Le progrès n’est pas d’aller plus vite mais d’avancer avec plus de sagesse.

  • DOCUMENTAIRE DE PHILIPPE BORREL. 2014.
  • Le mardi 2 septembre à 22h40 sur Arte.

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