Critique

À la télé ce lundi soir: Ravis par Marine (Le Pen)

Ravis par Marine (Le Pen) © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

La France fait peur. Percée aux municipales et succès historique aux Européennes. 2014 restera, sur le plan de la politique hexagonale, l’année de Marine Le Pen et du Front National.

Comment est-il parvenu à conquérir une dizaine de villes? A faire élire 1600 conseillers dans des communes de plus de 9000 habitants et à finir en tête dans 71 départements? C’est ce que tente d’expliquer le documentaire de Frédéric Biamonti. Pour ce faire, le réalisateur a interrogé divers politologues mais surtout suivi une poignée de personnalités du Front National Bleu Marine. Il y a l’incontournable Steeve Briois. Petit fils de mineur qui fonctionne à l’empathie, le secrétaire général du parti est devenu cette année, sur les terres de la gauche, à la fois député européen et maire d’Hénin-Beaumont. L’atelier vivant de la dédiabolisation. Il y a aussi le vice-président Florian Philippot, le « Parisien » qui tente de faire son trou à Forbach, en Moselle. David Rachline, 26 ans seulement, qui incarne le FN BCBG à Fréjus, ville historiquement de droite. Valérie Laupies, directrice d’école à Tarascon, et Gilbert Collard, le Frontiste populiste de Saint-Gilles (Gard).

Se promenant aussi en Camargue où les héritiers de Jean-Marie surfent encore ouvertement sur la vague du racisme ordinaire, Ravis par Marine assemble un puzzle assez complet et inquiétant du FN new-look, ce parti xénophobe du père qui mute vers un groupement d’apparence protecteur et prétend défendre les petits contre les gros. Il explore sans l’accabler et en évitant de présenter ses électeurs comme des égarés racistes et xénophobes la France du Front National. Celle qui vit essentiellement dans les bastions du chômage. Qui morfle souvent de la crise économique et sociale. Et se laisse embobiner par un parti indéniablement doué pour parler aux plus démunis.

La rhétorique FN est résumée dans les recommandations faites à ses membres pour l’écriture de leurs communiqués de presse. « 1. Vous exposez les faits. X voitures ont brûlé. 2. Vous ciblez les responsables. Ce sont toujours les mêmes: la bande PS UMP. 3. Vous annoncez nos propositions: nous rétablirons la sécurité dans nos quartiers. » Profitant de la déshérence politique (« la faiblesse de vos adversaires fait votre force »), les Frontistes veulent enfin être fiers d’être français. Espérons que les Français aussi. Mais sans eux.

  • DOCUMENTAIRE DE FRÉDÉRIC BIAMONTI.
  • Ce lundi 29 septembre à 20h45 sur France 3.

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