À la télé cette semaine: La Théorie du Y, Au feu les pompiers!, Les sept vies d’Elvis…

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Notre sélection télé pour la semaine du 4 au 10 août.

LA THEORIE DU Y

Série créée par Caroline Taillet et Martin Landmeters. Avec Léone François, Colin Javaux, Ophélie Honoré, Salim Talbi. ***(*)

Dimanche 5/8, 22h55, La Deux

À la télé cette semaine: La Théorie du Y, Au feu les pompiers!, Les sept vies d'Elvis...
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Diffusée au départ en websérie, adaptée d’une pièce de théâtre de Caroline Taillet, La Théorie du Y s’empare du délicat et pourtant très actuel thème des genres et de leurs possibles mélanges. Anna (Léone François) et Matteo (Colin Javaux) sont en couple. Casés, comme le veut l’horrible expression qui confond sécurité affective et prison dorée. Et de fait, Anna s’ennuie. Dans un bar, après une dispute, elle se découvre une attirance nouvelle pour une inconnue, Claire (Ophélie Honoré). Au départ d’une situation qui pourrait faire glisser la banalité vers le cliché, Caroline Taillet et Martin Landmeters offrent en réalité un questionnement bienvenu sur la liberté, le choix, les assignations, la bisexualité, la quête d’identité et le couple. Couronnant un projet audacieux du département Webcréation de la RTBF, le succès critique et d’audience de cette fiction récompensée aux festivals web de Marseille et Lausanne valide amplement le choix de cette rediffusion télévisée estivale. Les thèmes sont portés avec fraîcheur, sans voyeurisme ni pudibonderie -malgré une tonalité générale sans doute encore un peu trop sage- par un casting et une écriture qui s’ancrent dans le réel, le trivial. Partant, ils touchent à quelque chose d’essentiel qui transcende les différences et les lourdes injonctions d’une norme sexuelle qui vacille sur ses bases. N.B

AU FEU LES POMPIERS!

Comédie de Milos Forman. Avec Jan Vostrcil, Josef Sebanek, Josef Valnoha.1967. ****(*)

Lundi 6/8, 22h45, Arte

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Quel bonheur de retrouver ce film de jeunesse épatant du regretté Milos Forman (décédé en avril)! Au feu les pompiers! est une comédie des plus irrésistibles, une satire sociale pleine d’énergie contestatrice, et qui incarne bien cette Nouvelle Vague cinématographique accompagnant ce qu’on appela le Printemps de Prague. La jeunesse tchécoslovaque voulait la liberté, secouait les dogmes communistes et faisait de l’humour son arme de choix. Les chars russes allaient écraser brutalement cette révolte pacifique en 1968, forçant Milos Forman et ses camarades (dont Ivan Passer) à s’exiler aux États-Unis… Même pas un an plus tôt, Au feu les pompiers! cadrait malicieusement une fête locale (le bal des pompiers d’une petite ville) qui part en vrille et voit les règles craquer au profit d’un joyeux désordre. Comme une métaphore impertinente, applicable aujourd’hui à d’autres régimes liberticides. L.D

LA BOMBE

Documentaire de Rushmore DeNooyer. ***(*)

Mardi 7/8, 20h50, Arte

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« La fission nucléaire a été découverte par accident. » Cette phrase, qui ne manque pas d’une cruelle ironie sachant la terreur qu’inspire l’alliance des termes « nucléaire » et « accident » aujourd’hui, ouvre cet instructif documentaire commandité par PBS, la chaîne publique américaine. Sans atteindre la qualité des chef-d’oeuvres maison The War et Vietnam, La bombe éclaire cependant les circonstances qui ont vu un phénomène physique devenir l’arme la plus puissante jamais conçue, capable d’anéantir ses concepteurs, leur espèce et la vie sur Terre. Des avertissements répétés d’Einstein à la course infernale à laquelle se livrent les États-Unis à partir de 1941 pour coiffer leurs adversaires sur le poteau et obtenir les premiers cette technologie horrifique, de la tragédie d’Hiroshima et Nagasaki à la Guerre Froide, le documentaire fait feu d’images d’archives et de témoignages d’experts pour retracer l’Histoire militaire, économique, politique, scientifique et culturelle d’une sacrée épée de Damoclès. Et nous rappelle par la même occasion qu’elle traîne toujours quelque part au-dessus de nos têtes. N.B

LES SEPT VIES D’ELVIS

Documentaire de David Upshal. ***(*)

Vendredi 10/8, 22h40, Arte

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Il a vendu plus d’un milliard de disques, était encore en tournée 35 ans après sa mort (merci les concerts virtuels), compte 85 000 sosies à travers le monde et rapporte plus que Sinatra, Lennon et Bowie réunis. Elvis Presley n’avait pas usurpé son surnom de King. Sa vie sonne ni plus ni moins comme une tragédie shakespearienne. C’est en tout cas le point de vue du réalisateur David Upshal (The Hip Hop Years, Windrush…), qui tire le portrait d’Elvis comme aurait pu le brosser le génial dramaturge. En sept parties et autant de périodes de vie. Il y a d’abord le frère jumeau mort à la naissance, l’enfance misérable pendant la Grande Dépression avec les Noirs à Tupelo, tout en bas de l’échelle sociale dans l’Amérique ségrégationniste. Puis évidemment la rébellion adolescente dont il deviendra un symbole grâce à Sam Phillips et aux studios Sun qui ouvrent leurs portes aux Noirs et aux Blancs défavorisés. Upshal se penche ensuite sur son passage par l’armée et sur le chanteur subversif réapparu sous la forme de l’Américain moyen en uniforme. Respectabilité, come-back improbable. Il poursuit avec le has-been lessivé de Las Vegas accro aux médocs. Ses deux mois par an dans la capitale mondiale de la cupidité, où il devient une caricature de lui-même…

« Quelle est la pire chanson d’Elvis que vous ayez enregistrée? » « Oh bon sang, il y en a trop. Je ne sais plus« , répond l’un de ses collaborateurs. C’est l’un de ses plus grands mérites: Les sept vies d’Elvis n’est pas un documentaire hagiographique. Pour raconter le roi du rock’n’roll, Upshal est parti à la source. Il a rencontré ses amis d’enfance, ses camarades de classe, ses anciens musiciens… On y croise l’auteur/compositeur Mike Stoller, une religieuse bénédictine qui a joué avec Presley au cinéma, son coiffeur personnel (sur onze films) ou encore son garde du corps et chef de sécurité. La place de l’Église dans sa vie, ses déhanchements lascifs et vulgaires, l’opulence dont il fait profiter sa mère et l’encadrement nauséabond du Colonel Parker… Certaines interviews ont beau être dénuées d’intérêt, le docu d’Upshal donne une idée assez précise et riche de la vie du King. One for the money, two for the show… J.B

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