On n’a pas aimé « Medal of Honor »

© DR

« Medal Of Honor » quitte la Seconde Guerre mondiale pour une plongée contemporaine en Afghanistan. Un renouvellement aussi polémique qu’éculé.

Inspirée du Soldat Ryan, Medal Of Honor démarrait sa carrière avec une ouverture spectaculaire sur les plages de Normandie. Mais après avoir popularisé la Seconde Guerre mondiale dans les jeux vidéo, la saga âgée de 11 ans s’est rouillée. Comme Call Of Duty depuis son épisode Modern Warfare, le titre totémique né des mains de Danger Close (ex-E.A. Los Angeles) quitte donc les années 1940 pour revenir à notre époque. Un ancrage contemporain retraçant avec fidélité des combats ayant pris place il y a huit ans en Afghanistan. Mais le réalisme a ses limites.

Dans son travail de recherche historique, la plus grosse branche créative d’Electronic Arts a réussi à décrocher l’aval de l’armée US pour des interviews de soldats, des données d’armes et des comptes rendus de missions. Une démarche fidèle sur fond de scénario manichéen montrant des troupes d’élite humanistes, sensibles à la détresse d’un père pour sa fille. Mais malgré ce canevas de propagande bienveillante, l’insertion de Talibans jouables dans la version multi-joueurs a provoqué les foudres de Liam Fox, secrétaire de la défense britannique et de son homologue canadien.

Pourtant partie prenante au projet, l’armée américaine annonçait même sa décision d’enlever le jeu des étals des magasins Gamestop de ses trois corps. Une réaction épidermique à laquelle sont venues se greffer les réactions des familles des soldats décédés lors du conflit. De quoi finalement pousser Greg Goodrich, le directeur du projet, à changer le nom des bad guys enturbannés en « Opposing Force ». Faire jouer une scène de massacre de civils innocents évoquant la tragédie terroriste tchétchène du gymnase de Beslan en 2004 dans Call of Duty: Modern Warfare 2 n’a par contre jamais soulevé de tollé. Drôle d’époque.

Casse-pipe

Beaucoup de bruit pour rien finalement. Car manettes en mains, Medal Of Honor claudique, occupé qu’il est à essayer de réchauffer les recettes des derniers Call Of Duty. La scène d’introduction plongeant le joueur en vue subjective dans la traversée paranoïaque d’une ville afghane donne le ton et évoque Modern Warfare 2. Entre pilotage sporadique de quad, tir sur rail à bord d’un tout-terrain et pointage au laser pour guider des bombardements à distance, les tours de passe-passe censés rythmer le FPS ne réveillent pas. Très linéaire, la progression parsemée de couloirs décrépis et de quelques arènes sablonneuses ne demande en outre jamais de chercher son chemin.

On avance et on tire sur des Talibans presque statiques. Du tir à pipe tant les mouvements des ennemis, qui ne cherchent jamais à venir nous déloger, tournent en boucle dans des séquences répétitives. Avec pour seul défi la méconnaissance du terrain, on s’invente donc de nouveaux objectifs pour passer le temps, en essayant d’éliminer les adversaires avant ses coéquipiers ou en alignant le plus de headshots possibles. Une bien maigre consolation pour un titre parfois buggé n’assurant que le minimum syndical.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Medal of Honor, édité par Electronic Arts et développé par Danger Close et D.I.C.E. (pour le multi). Age 18+. Disponible sur PC, PlayStation 3 et Xbox 360.

Michi-Hiro Tamaï

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content