Come around sundown, le gros son de Kings of Leon

« Come around sundown », le cinquième album des Américains de Kings of Leon renoue partiellement avec ses racines sudistes, sans pour autant rejeter le rock-à-stade de l’école U2. Stop ou encore?

Ivan Leon, le père des Caleb, Nathan et Jared Followill qui forment, avec leur cousin Matthew, les Kings Of Leon, a longtemps été prédicateur pentecôtiste. Dans sa besace pieuse bourlinguant sur toutes les routes pécheresses du sud, il n’y avait pas l’ombre d’un rock, considéré par papa comme le téléphone portable du Malin. Et donc rigoureusement interdit d’antenne à la fratrie née entre 1979 et 1986…

En 1997, le pater, qui a aussi la religion de la bouteille, divorce de maman Followill, laissant enfin ses trois moutards découvrir les cochonneries profanes nommées Clash, Thin Lizzy et Rolling Stones. Les gamins voient un ange et décident de fonder un groupe. Une douzaine d’années plus tard, Kings Of Leon est l’un des plus gros vendeurs de la planète rock, affichant complet dans des salles de 20.000 places et plus aux Etats-Unis, le concert anversois du Sportpaleis du 29 novembre visant le même sold-out.

A l’écoute de Come around Sundown, le cinquième album de la fratrie, il est assez inconcevable que la même formation ait pu un jour être perçue comme alternative. Alternative à quoi? Sans doute au rock pour stades de U2 avec lequel les Kings ont tourné en 2005: ils en ont tiré quelques leçons de marketing exhibitionniste, les musiciens se barrant des arènes hystériques dans un boudin 4×4 Chevrolet aux vitres teintées. Un véhicule par personne « avec essuies et boissons personnalisés »… Signe que la star-attitude est poussée dans ses clichés les plus éculés, ce que confirme ce disque, à deux niveaux au moins.

La rythmique est une chose assez pataude, broutant du kilomètre vedette comme si la Conquête de l’Ouest était toujours d’actualité. Mécanique et efficace, mais vulgaire. Suffit d’entendre leur manière de rendre hommage à Roy Orbison (Mary) pour accuser la production de »lourde attitude », la guitare sonnant parfois comme une réplique scolaire de The Edge (Radioactive, The Immortals).

On dirait le sud

Alors, pourquoi le disque a-t-il quand même droit au purgatoire plutôt qu’à l’enfer immédiat? D’abord parce que la voix plaintive, lascive et essorée de Caleb Followill a quelque chose de plaisant dans les désespoirs aigus. Une sorte de glutamate vocal dont on sait que ce n’est pas forcément bon pour la santé mais qui donne finalement du goût aux chansons: ici, elles ont l’idée d’aller creuser les fantasmes bouseux du sud. C’est proclamé haut et fort dans Back Down South ou Pickup Truck, louchant ostensiblement vers les précurseurs à la Allman Brothers sans véritablement égaler leur dérive grasse et bluesy.

Toujours au rayon collant: le groupe est doué pour les mélodies radiophoniques, que ce soit dans le titre d’ouverture (The End) ou ce Pyro tout en harmonies chevrotantes.

Difficile donc de ne pas allumer le briquet pour jouer à la grande fête collective célébrant la 37e merveille du monde, sauf que là, on ne fume pas. Et qu’on ne s’y mettra pas pour l’occasion.

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Kings of Leon, Come Around Sundown , distribué par Sony Music.

Philippe Cornet

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