La dance machine de Tomorrowland

© Tomorrowland
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Beats, dance et démesure: bienvenue à Tomorrowland, gigantesque parc d’attractions électro qui a à nouveau rassemblé quelque 180.000 fêtards du côté d’Anvers.

Tiens, Jeff Mills… A quelques pas du centre de presse, on croise la légende techno, pantalon court et petit attaché-case anodin. Il y a 20 ans, il jouait pour la première fois en Belgique. Un héros de la révolution électronique, véritable pionnier qui a démarré dans des hangars clandestins de Detroit. Imaginait-il à l’époque se retrouver un jour dans un festival comme Tomorrowland? Pas sûr…

Cela fait quelques années maintenant que l’événement a pris des proportions inouïes. En 2012, le Tomorrowland a franchi encore un nouveau cap, en vendant ses 180.000 tickets en quelques minutes seulement. Y compris à l’étranger: on n’a d’ailleurs jamais croisé autant de drapeaux différents dans le domaine provincial de Schorre: suisse, canadien, colombien, grec, espagnol, sud-africain…

Ce qui attire tout ce petit monde? Les musiques électroniques (sous dominante dance-électro), avec quelque 300 DJ répartis sur une quinzaine de scènes. Mais plus encore, c’est surtout la démesure du décor dans lequel se déroule le Tomorrowland qui frappe les imaginations. Entre la maxi-bamboule et le parc d’attraction, le festival mise en effet au maximum sur les décors kistcho-extravagants. Le plus spectaculaire se trouve évidemment sur la scène principale: une sorte de bibliothèque géante remplie de vieux bouquins, avec des fontaines en forme de bougies, un vieux grimoire servant d’écran principal au milieu du bazar. A ses pieds, un public qui démarre au quart de tour, entassé au pied et sur les pentes d’une sorte de grand théâtre de verdure. Après, les cadors de la dance actuels ont beau défiler (ce soir-là, Skrillex, Martin Solveig, Swedish House Mafia…), on les remarque à peine, coincés entre le public et l’immense toile de fond.

Les autres scènes sont plus modestes (quand on passe devant la plus petite -une sorte de cave planquée dans un talus-, une cinquantaine de personnes s’agitent sur un remix dance de Gotye), mais l’esprit est partout identique. Dans le chapiteau Star Warz (dubstep), des bonbons géants pendent au plafond, tandis que la scène « drivée » par le Café d’Anvers est abritée sous une ombrelle chinoise géante, entourée par des bouddhas… Le tout contribuant à donner le sentiment de se balader dans un Disneyland pour grands enfants. Fun, énorme, certainement un peu ridicule, mais sans grand danger: à 1h, les festivités sont d’ailleurs terminées.

Certes, au soir du 2e jour de festival, le terrain a pris un petit coup dans l’aile. Les détritus s’amoncellent à quelques mètres des panneaux keep it clean. Des buissons, sortent des filles, les mains sur les yeux pour ne pas croiser les engins de ces messieurs en train d’uriner. Festivals as you used to know it… Mais l’ambiance reste bon enfant: allongé sur l’herbe, un bellâtre se fait sucer les doigts de chaque main par deux donzelles, tandis que des bandes de potes se font prendre en photo sur un des pontons qui relient les différentes parties du site.

Pendant ce temps, Jeff Mills est arrivé sur la scène Kozmozz. Il balance ses nappes techno comme à la grande époque, quand on pensait entendre la musique du futur. Au final, 20 ans plus tard, l’anonymat des débuts a laissé la place à la starification des DJ, l’underground est devenu le mainstream. N’empêche: « au pays de demain », le futur a encore de beaux restes…

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