Critique | Livres

L’homme qui assassinait sa vie

Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

POLAR | Dans le roman de Jean Vautrin, comme dans l’adaptation BD que vient de réaliser Emmanuel Moynot, il pleut sur François-Frédéric Frey, 43 ans, dit F-FF, alors qu’il sort de prison après trois ans pour fausses factures et abus de biens sociaux.

L'homme qui assassinait sa vie
© DR

Or F-FF est l’homme qui a décidé d’assassiner sa vie, méthodiquement, violemment et étape par étape, jusqu’à lui-même. Sur sa route meurtrière, on va croiser, en vrac, un enquêteur privé et raté, un cadavre dans le coffre, un car de touristes japonais, des illégaux entassés dans le plancher d’un camion, un autiste, des nymphomanes, un chien, quelques idiots et bien sûr des flics. Et tous, comme souvent chez Vautrin, plus minables que méchants. Un road-movie on ne peut plus noir, plus fidèle à l’esprit qu’à la lettre du roman originel, et qui marque, après le Canicule de Baru, la deuxième adaptation d’un de ses romans chez Casterman. Le troisième devrait être réalisé par Jeff Pourquié, toujours sous la férule de Baru, passionné par Vautrin. Baru qui a donc demandé à son ami Moynot de s’y coller, dans un style plus jeté et « Tardiesque » que jamais. Il y renoue avec des ambiances désespérées comme il les aime et les a déjà pratiquées à travers de nombreux one-shot ou mini-séries. Pas de surprise donc dans cet album âpre, qui sent bon le polar français des années 80, jusque dans ses clichés.

  • L’HOMME QUI ASSASSINAIT SA VIE DE EMMANUEL MOYNOT, INSPIRÉ DE JEAN VAUTRIN, ÉDITIONS CASTERMAN, 108 PAGES.

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